Greenpeace a affirmé mardi à Pékin avoir détecté des substances chimiques dangereuses dans des vêtements pour enfants fabriqués par des grandes marques, parmi lesquelles Disney, Burberry ou Adidas.
Ce n’est pas la première fois que Greenpeace met en cause de grandes marques de mode. «On a retrouvé les mêmes produits toxiques que ceux utilisés dans l’industrie textile adulte, c’est un cauchemar pour les enfants», s’alerte Pierre Terras, chargé de campagne Detox chez Greenpeace. Dans son rapport, au titre volontairement inspiré de la littérature enfantine, «Une petite histoire sur les monstres de vos vêtements», l’ONG présente ses résultats de recherche sur la présence de substances chimiques dangereuses dans des vêtements pour enfants.
Greenpeace a mené des analyses sur 82 articles de 12 marques de l’industrie textile pour enfants. Fabriquées dans douze pays du monde, la majorité des articles proviennent de pays asiatiques, et pour un tiers d’entre eux de Chine. Parmi les marques ciblées par l’ONG figurent Burberry, Disney, Adidas, Nike, American Apparel, C&A, H&M, Gap et Puma. Pour douze produits, le pays de production n’a pu être identifié à partir de l’étiquette.
61% des produits testés contiennent une substance nocive
Chez chacune de ces enseignes, des produits chimiques dangereux ont été détectés. 50 articles (61% du total) ont été testés positifs à l’éthoxylates de nonylphénol (NPE). Les NPE sont dangereux car ils se dégradent rapidement dans l’environnement en nonylphénols simples (NP), une substance persistante supposée toxique pour la reproduction et la croissance des êtres vivants. 33 produits testés ont aussi révélé la présence de phtalates, dont les effets nocifs portent essentiellement sur la fertilité, le développement du fœtus et du nouveau-né. Son utilisation est d’ailleurs interdite dans l’Union européenne pour les jouets et les produits de puériculture. Or, les niveaux de phtalate relevés dans un tee-shirt de Primark ainsi que dans un body vendu par American Apparel (au-dessus de 0,1%) indiquent un usage délibéré en tant que plastifiants, note l’ONG dans son rapport.
Des consommateurs plus vulnérables
Un certain nombre de facteurs, comme la taille, le métabolisme et le comportement, peuvent rendre les bébés et les enfants plus vulnérables à ces substances néfastes, s’inquiète l’ONG. L’organisation appelle notamment la Chine, premier producteur textile et premier consommateur de produits chimiques du monde, à cesser d’utiliser des substances néfastes dans son industrie textile.
Ces deux dernières années, l’ONG a publié plusieurs études montrant la présence de substances chimiques susceptibles de provoquer des cancers et des désordres hormonaux dans des vêtements de Zara, Calvin Klein, Levi’s et Li Ning. Comme lors de ces précédentes campagnes, Greenpeace invite les consommateurs à interpeller les marques visées via les réseaux sociaux. En 2011, l’ONG avait également publié deux rapports qui montraient comment les fournisseurs de grands groupes textiles empoisonnaient l’eau de certains fleuves chinois avec leurs rejets. «C’est tout notre écosystème qui est touché», conclut Pierre Terras.
Le Figaro