Depuis une circulaire de Christiane Taubira, les mineurs étrangers isolés en France doivent être répartis de façon homogène sur le territoire national. Dans le Finistère, l’association Don Bosco a mis en oeuvre un dispositif pour faire face à la nouvelle législation.
Depuis sa création en 1945, l’association Don Bosco n’a eu cesse de protéger l’enfance en danger : il s’agit du pilier principal, ou tout au moins fondateur, de cette structure créée de rien pour venir en aide aux enfants orphelins de Paris, à la Libération. Afin qu’ils ne sombrent pas dans la délinquance, certains d’entre eux étaient expédiés vers La Roche-Maurice où Don Bosco a commencé sa vie. Près de 70 ans après, les situations ont changé. Embauchant 900 personnes et dégageant un chiffre d’affaires équivalent à 45 M€, Don Bosco a depuis longtemps élargi le spectre de ses compétences au secteur médico-social, à l’accueil de la petite enfance ou à l’insertion des jeunes. Mais la protection de l’enfance est restée. S’est développée. S’est structurée dans « cette association militante, existant sur les sites de Brest, Landerneau et Morlaix et prônant l’économie sociale et solidaire », comme le rappelle Patrick L’Her, directeur du pôle Protection de l’enfance.
Depuis quelques années toutefois, le public accueilli par Don Bosco s’est métissé. Doucement, via des ressortissants roumains, vietnamiens ou clandestins « qui pensaient être en Angleterre mais qui étaient restés à Roscoff. Cela fait quatre-cinq ans que nous avons accueilli nos premiers mineurs isolés et étrangers », raconte Pierre Potin, devenu responsable du nouveau Dispositif d’accompagnement des mineurs isolés étrangers (Damie). À l’époque, il n’existe pas de lois spéciales, mais la France interdit l’expulsion des mineurs : « Don Bosco a alors fait ce qu’il savait faire pour les autres cas. Nous les avons placés en foyer, scolarisés et suivis. Mais il n’y avait pas de prise en charge spécifique ».Le premier d’entre eux, d’origine albanaise, arrive bientôt au bout de son contrat jeune majeur, alloué par le conseil général entre 18 et 21 ans. Après ? « Après, c’est un refus tacite de la préfecture alors qu’il a un contrat d’apprentissage et qu’il parle français ». Et un retour au no man’s land des clandestins.
Si rien n’est réglé au pays des adultes, en revanche, la circulaire prise le 31 mai dernier par la garde des sceaux permet de voir plus clair sur le continent des enfants. Pour éviter un engorgement des mineurs étrangers dans les diverses mégalopoles françaises, il a été décidé de lisser le « flux » sur l’ensemble du territoire. Et des quelques unités recensées, le Finistère doit accueillir « 1,38 % de ceux qui sont recensés, soit entre 20 et 50 jeunes ». Don Bosco a proposé au conseil général de prendre ce service en charge.
En un temps record, « sans discussion sur les coûts engendrés » selon Patrick L’Her, l’association a reçu l’accord de la collectivité pour 15 places disponibles en appartements.« Nous mettons notre expérience au service d’un contexte nouveau », admet Pierre Potin. Des appartements ont été loués. Les mineurs, « après quatre jours où les services d’État vérifient qu’ils sont seuls et mineurs », sont placés sous la responsabilité de Don Bosco. Ils viennent de Guinée, d’Afghanistan, du Bangladesh. « Leur capacité d’adaptation force le respect »…
Télégramme de Brest, merci à Celting