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Tribune de Michaël Prazan (Journaliste et documentariste)

Je ne crois pas qu’il y ait d’autres pays que la France qui, de ce point de vue, ait façonné un tel marquage identitaire à l’expression de son antisémitisme. A telle enseigne que tous les journaux ayant pour fonds de commerce la haine du juif sont des publications systématiquement satiriques.

Après des semaines d’agitation et d’évidents «troubles à l’ordre public» , le Conseil d’Etat a statué : interdiction des spectacles de Dieudonné. Cris d’orfraie de son public, mais aussi sur les plateaux de télé, dans les tribunes de nos médias, parmi nos plus belles âmes qui n’ont toujours pas compris ou refusent de comprendre que Dieudonné n’est pas un humoriste et que ses meetings ne sont pas des spectacles. […]

En conséquence, le rire n’est ni un blanc-seing, ni un bouclier, ni une excuse. Dans ce contexte, au contraire, c’est un identifiant, un signe de ralliement.

Que les fans de Dieudonné se rassurent, il est des pays où ce type de liberté d’expression existe, où elle est respectée et même encouragée. Entre autres, la Syrie et l’Iran […]. Quant à Dieudonné, là encore, rien de nouveau. Ce n’est pas un humoriste, c’est un tribun antisémite qui s’inscrit ouvertement dans une tradition, celle d’un antisémitisme spécifiquement français. […] Si l’on arrive à faire taire Dieudonné – rien n’est moins sûr –, il aura tout de même, pendant dix ans de prosélytisme actif et souterrain, réussi à embrigader une frange non négligeable de la jeunesse française, une jeunesse qui constitue pour partie la France de demain.
C’est à ce défi, celui-ci, franchement inédit, que nous contraint le phénomène Dieudonné. Après avoir vaillamment remporté la bataille dans le bras de fer que lui imposait l’ancien humoriste, c’est à cette question ardue et pour le moins inquiétante que doit maintenant s’attaquer le gouvernement. […] Le Monde

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