Addendum du 26/01/2014: Pour le millionnaire Kevin O’Leary, le fait qu’il existe autant de pauvres est ”fantastique”, ce serait un excellent signe ! Tous ces pauvres seraient donc un encouragement à travailler plus pour relancer la machine économique en espérant à leur tour faire partie des 0,1%…
Le fossé entre riches et pauvres est le principal risque pesant sur le monde ces 10 prochaines années, devant les événements climatiques et le chômage, prévient le Forum économique mondial, alors que se tient le Forum de Davos cette semaine. Face à la montée des inégalités, Oxfam tire le signal d’alarme.
Dans un rapport sur les risques mondiaux présenté la semaine dernière, le Forum économique mondial donne le ton des débats qui agiteront l’édition 2014 du Forum de Davos. La pauvreté sera le sujet phare de la réunion annuelle du gotha mondial des affaires et de la politique qui s’ouvre ce mercredi, jusqu’au 25 janvier, dans la station de ski suisse.
«Le fossé persistant entre les revenus des citoyens les plus riches et ceux des plus pauvres est considéré comme le risque susceptible de provoquer les dégâts les plus graves dans le monde au cours de la prochaine décennie.»
«Regardez ce qu’il s’est passé avec le printemps arabe, regardez ce qu’il s’est passé au Brésil, regardez en Afrique du Sud, les gens ne peuvent tout simplement plus le supporter», a déclaré Jennifer Blanke, économiste en chef au Forum économique mondial, lors d’un point presse.
Selon l’organisation internationale, la disparité des revenus est le risque global le plus susceptible de provoquer un «choc systémique» à l’échelle mondiale, devant les événements météorologiques extrêmes, le chômage et les cyberattaques. Le rapport, qui étudie 31 risques globaux, cite également les crises budgétaires ou une éventuelle crise de l’eau parmi les plus préoccupants.
«Chaque risque examiné (…) pourrait provoquer une défaillance à l’échelle mondiale, mais c’est leur interconnexion qui accentue leurs effets négatifs au point qu’ensemble, ces effets pourraient être décuplés», estime Jennifer Blanke.
La crise récente illustre parfaitement ces interconnexions, observe le rapport. «L’échec des institutions financières a provoqué une crise financière qui a entraîné une crise de liquidités dont de nombreuses économies ont été victimes. Cela a conduit alors à une flambée du chômage, une aggravation des écarts de revenus et, au final, à des tensions politiques et sociales, voire des mouvements de protestation, dans certains pays d’Europe et grands marchés émergents.»
Un «système faussé au profit de quelques-uns»
Saluant ces arguments, Oxfam enfonce le clou, chiffres à l’appui, dans son rapport «En finir avec les inégalités extrêmes» publié lundi. «Les richesses du monde sont divisées en deux: près de la moitié est entre les mains des 1% les plus riches, tandis que 99% de la population mondiale se partagent l’autre moitié», écrit l’ONG, selon qui sept personnes sur 10 vivent dans un pays où les inégalités se sont creusées ces 30 dernières années.
Une tendance qui ne devrait pas ralentir avec la perspective d’une sortie de crise. Bien au contraire, si l’on s’appuie sur l’exemple américain. «Aux États-Unis, les 1% les plus riches ont confisqué plus de 95% de la croissance post-crise financière depuis 2009, tandis que les 90% les moins riches se sont appauvris.»
Oxfam, qui dénonce un «système faussé au profit de quelques-uns», pointe les responsables de ce creusement des inégalités: la déréglementation financière (par exemple aux États-Unis), les systèmes fiscaux biaisés, les règles facilitant la fraude fiscale, les mesures d’austérité (surtout en Europe), les politiques défavorables aux femmes ou la confiscation des recettes issues du pétrole et de l’extraction minière.
Estimant que les personnalités qui se réuniront à Davos ont «le pouvoir d’inverser la progression galopante des inégalités», l’ONG leur adresse une liste de recommandations pour mettre fin à «une dynamique et des cycles d’avantages qui s’amplifient mutuellement et se transmettent de génération en génération».