Les marchés mondiaux des devises ont été très agités la semaine dernière et les monnaies de plusieurs pays émergents ont subi une avalanche de dépréciations. Le rouble est tombé à son niveau le plus bas depuis 5 ans, et le peso argentin a perdu 15%.
Les marchés des changes commencent à réagir à l’arrêt progressif de la politique monétaire américaine de rachat des bons du Trésor, mais aussi au ralentissement de la croissance chinoise.
Mais on assiste également à un changement de méthode. Par le passé, les marchés financiers raisonnaient de façon globale, lorsqu’ils considéraient les pays émergents, les envisageant comme un tout. Mais ce n’est plus le cas, explique Izabella Kaminska du Fiancial Times. Désormais, ils les individualisent de plus en plus pour établir leurs décisions d’investissement.
Au Venezuela, en Argentine et en Ukraine, ce sont les problèmes causés par une gestion critiquable des autorités qui menacent la stabilité économique. Les deux premiers pays sont confrontés à une inflation massive et des relations dysfonctionnelles avec les marchés mondiaux. S’ils échouent à mener des réformes importantes, ils risquent d’entrer dans de très graves difficultés. En Ukraine, beaucoup de choses vont dépendre de la façon dont la crise actuelle évolue.
La Turquie, l’Afrique du Sud, le Pérou, le Chili, l’Indonésie et la Thaïlande font partie du groupe de pays qui ont vécu au-dessus de leurs moyens, grâce à l’afflux massif de capitaux et les prêts accordés par les investisseurs qui recherchaient des gains en dehors des économies occidentales. Ces pays sont les plus vulnérables au changement de la politique monétaire américaine.
La Hongrie, la Roumanie, la Croatie, sont des pays qui subissent encore le fardeau des excès liés à leur essor rapide récent : les suites de l’éclatement d’une bulle de crédit, impliquant un secteur bancaire fragile. Ces pays redoutent le retour d’une nouvelle période de stress financier au sein de la zone euro.
Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine ont un meilleur contrôle sur leur propre destin, mais ils font face à des problèmes structurels domestiques. Leur évolution dépend plus de la capacité de leurs gouvernants à entreprendre des réformes économiques, plutôt que d’évènements extérieurs.
Cependant, la Corée du Sud, les Philippines et le Mexique, par exemple, font partie des pays avec des perspectives optimistes. La Corée du Sud a conclu de nombreux accords commerciaux signés ces derniers mois ; le Mexique a reçu plus de plus de sept milliards de dollars de promesses d’investissements étrangers lors du Forum économique mondial de Davos, signe de la confiance dans le pays après les réformes récentes mises en œuvre par le président Enrique Peña Nieto .
Enfin, certaines monnaies profitent de cette situation, notamment la livre britannique, le yen japonais, le dollar et l’euro. Bien que l’Europe génère toujours une croissance économique faible, et malgré la faiblesse des taux d’intérêt, l’euro semble être redevenu une monnaie refuge.