Pour David Rey, collaborateur parlementaire, le mouvement «Jour de colère» est une atteinte «aux principes fondamentaux de la République» et une «mise en cause du vivre-ensemble». Extraits de son analyse sur ce rassemblement nauséabond et le «réveil de la bête immonde»…
On me dira que cela a de tout temps existé, et qu’ils n’étaient que quelques milliers. Certes. La différence, c’est qu’avant, ils étaient libre de le penser, mais pas de l’exprimer.
À quelques jours de l’anniversaire du 6 février 1934, qui avait vu les ligues fascistes marcher contre la République, il établit un parallèle tout à fait saisissant avec la manifestation de dimanche dernier.
Pourtant, 80 ans et une guerre mondiale qui a vu la mise en place de la solution finale au problème juif» séparent les deux événements. Les défenseurs de la «France éternelle», concept empreint de chauvinisme mêlé à la nostalgie d’une soi-disant grandeur de la France, sur fond de pétainisme fascisant, défilaient en 2014 à Paris. […]
Mais quelle est cette France qu’ils veulent défendre ? Cette prétendue «France éternelle» menacée selon eux par je ne sais quel péril minoritaire ? Cette défense de leur droit à être des «bons Français» contre ceux qui seraient les «mauvais Français», les fossoyeurs du pays, les responsables du déclin et de la perte de la grandeur de la France.
Au-delà de la haine, qui est un puissant facteur unificateur, je voudrais revenir sur une motivation qui semble commune à cet assemblement hétéroclite : la défense de la France.
Défense de la France contre le juif qui contrôlerait tout. Défense de la France contre cette gauche qui n’aurait d’autre but que de la mettre à genoux. Défense de la France contre le lobby gay qui ose demander les mêmes droits que tout le monde. Défense de la France contre l’étranger qui viendrait profiter d’un système social avantageux. Défense de la France contre le musulman qui voudrait imposer sa religion. Défense de la France contre ses femmes qui revendiquent le droit à disposer de leur corps. Défense de la France contre ses francs-maçons qui ourdiraient je ne sais quel complot. […]
Le Nouvel Obs