Brader le patrimoine religieux est très à la mode dans les diocèses. Baisse du nombre de pratiquants, crise des vocations, difficultés financières face aux charges énormes d’entretien des bâtiments, les raisons sont parfois légitimes de vendre des édifices inutilisés depuis des décennies.
L’archevêque de Rouen, Mgr Jean-Charles Descubes, s’y met également. Mais lui va beaucoup plus loin : il fait vendre, ce 30 janvier, à l’hôtel Drouot, de nombreuses pièces d’art sacré appartenant au diocèse :
vêtements liturgiques anciens ; objets d’art, crucifix ou enluminures ; calices et ostensoirs ; et, surtout, reliquaires garnis de reliques.
La maison de ventes a procédé à une publicité discrète. Et on la comprend : tardives, les réactions sont plutôt stupéfaites ! Un prêtre du diocèse estime que l’affaire est grave ; des laïcs s’adressent à l’archevêque pour lui demander des explications. De quel droit décide-t-il ainsi de vendre, loin de sa ville, des objets appartenant au patrimoine ancestral de la communauté chrétienne ? Pourquoi n’a-t-il pas communiqué sur le sujet, expliqué la cause de cette vente, proposé à ses diocésains de se porter acquéreur ? Aucune réponse n’a été apportée à ces questions insolentes.
L’archevêché a mollement contesté, par un communiqué aussi sec qu’obscur. Mais le catalogue de l’exposition, bien réel, est explicite. Il comporte notamment, chose spécialement choquante, des reliques.
On pense ce qu’on veut de la piété populaire envers les reliques des saints. D’un point de vue laïc, c’est une violation délibérée du Code civil, qui est clair : « Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence », puis « Les conventions ayant pour effet de conférer une valeur patrimoniale au corps humain, à ses éléments ou à ses produits sont nulles. » D’un point de vue catholique, c’est la même chose : « Il est absolument interdit de vendre les saintes reliques. » (Code de droit canonique)…
Bvoltaire, merci à François2