Tribune de Bernard-Henri Lévy sur son blog La Régle du Jeu.
En ces temps de quenelles et de bananes, de haines rances et de clameurs incendiaires, en ces temps de ressentiment généralisé et de rivalités vindicatives, il y a un mot qui fait défaut et qu’il faudrait réinventer : le mot de fraternité.
Il n’a pas bonne presse, ce mot. […]
Cette fraternité n’est pas un mot d’ordre, c’est un horizon. Ce n’est pas un programme, c’est un idéal, une perspective, une utopie.
Ce n’est pas le troisième terme d’une devise usée jusqu’à la corde, c’est une idée régulatrice qui fait que les deux autres conjurent leurs penchants criminels.
C’est cela qu’avaient en tête, il y a trente ans, quand fut fondé SOS Racisme, les protagonistes d’une belle aventure, étrangement diffamée ces jours-ci, alors que nous lui devons d’avoir, pour un temps, tenu la bête en lisière.
C’est cet esprit que devraient retrouver, à droite autant qu’à gauche, les républicains qu’inquiètent le retour des identités-prisons, le choc des communautés rivalisant dans la protestation victimaire et dans les droits censés lui être attachés , le «vive la haine» généralisé.