Ils s’appellent Glencore, Cargill, Vitol ou Trafigura. Ils sont peu connus du grand public. Et, pourtant, ce sont eux qui font la loi sur les marchés de matières premières partout dans le monde. Portés par l’appétit vorace de la Chine pour le pétrole, les métaux et les céréales, ils n’ont cessé de prospérer au cours des dix dernières années.
Ils jouent ainsi un rôle clef dans l’approvisionnement d’énergie ou de nourriture à la planète, et ont acquis une influence croissante sur la vie des affaires dans les pays émergents. Ils ont aussi amassé une petite fortune : 250 milliards de dollars de profits lors de la dernière décennie, selon les calculs du « Financial Times ».
Soit plus que les grandes banques de Wall Street, plus que Toyota, Volkswagen, Ford, BMW et Renault réunis. Devenus un maillon essentiel des échanges entre producteurs et consommateurs finaux de matières premières, ces négociants n’ont cessé d’intégrer la chaîne de valeur.
Ils dirigent des milliers de traders, mais contrôlent aussi des entrepôts de métaux et possèdent même parfois des champs de blé ou de coton, des installations électriques, des mines de cuivre ou des raffineries pétrolières.
Ce qui a encore accentué la mauvaise réputation de ces acteurs, régulièrement accusés par les ONG de tordre les marchés par la spéculation et d’entretenir des liens étroits avec des régimes peu démocratiques. Il faut dire que cette industrie est aussi mal comprise que peu transparente: la plupart des grands négociants ne sont pas cotés et lèvent rarement le voile sur leurs affaires.
Depuis des mois, les autorités de régulation n’ont eu de cesse d’encourager les grandes banques, notamment les américaines (JP Morgan, Morgan Stanley…), à quitter le négoce physique des matières premières. Ce faisant, elles prennent le risque de pousser ces activités vers des nouveaux « saigneurs » encore plus opaques.