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Ouverture lundi, à Nancy, du procès d’un impressionnant réseau de voleurs roumains. A leur actif : des dizaines d’engins de chantier subtilisés et plus de 8 millions d’euros de butin.
Pelleteuses, bulldozers, tractopelles, compacteur, élévateurs, tracteurs… Les vingt ressortissants roumains qui seront jugés à partir de lundi par le tribunal de Nancy s’étaient fait une spécialité du vol d’engins de chantier ou d’engins agricoles.
Peu importe le nom et l’utilisation des mastodontes mécaniques qu’ils convoitaient. L’un des voleurs a même parlé aux enquêteurs de « quelque chose sur chenilles » pour décrire ce qu’il avait embarqué lors du cambriolage d’une société à Is-sur-Tille (Côte-d’Or). Tout ce qui comptait, c’est que les engins soient énormes et, surtout, qu’ils coûtent une fortune.
Moins glamours que des voitures de luxe, ils rapportaient, en effet, tout autant aux voleurs à la revente. Le moindre engin « sur chenilles » a une valeur marchande qui dépasse facilement la barre des 100.000 €. Et, au total, l’estimation du préjudice causé par la filière roumaine démantelée par la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Nancy donne le vertige : plus de 8 millions d’euros. La bande, le gang ou le réseau, comme on veut, a sévi en 2008 et 2009 sur tout l’Est de la France. De la Moselle jusque dans la Drôme, en passant par la Bourgogne et l’Alsace. Une soixantaine de cambriolages d’entreprises ou d’exploitations agricoles leur est reprochée.
« Il ne faut pas avoir peur des mots, c’était une vraie entreprise criminelle de type mafieux », résume le substitut de la JIRS, Grégory Weill.

Tout était effectivement pensé, organisé et planifié. Le cœur du trafic d’engins était la ville de Borsa, au nord de la Roumanie, près de la frontière ukrainienne.

C’est là que se trouvait celui qui est présenté comme la tête du réseau : le patron d’une société de transport, âgé de 35 ans et surnommé « Obezu », l’obèse. « Ses » équipes de voleurs, composées généralement de trois ou quatre hommes de mains, avec parfois un de ses lieutenants, partaient de Borsa en direction de l’Est de la France, mais aussi de l’Allemagne ou de la Belgique. Elles n’avaient pas d’objectif précis. Juste une zone géographique de destination. Une fois sur place, les équipes devaient procéder à des repérages pour cibler telle ou telle entreprise.
Lorsque les voleurs avaient fait leur choix, ils se mettaient en relation avec des chauffeurs routiers de sociétés de transport roumaines plus ou moins complices qui venaient de livrer de la marchandise (celle-là tout à fait légale) dans les environs. Plutôt que de remonter à vide en Roumanie, les routiers se voyaient fixer un lieu de rendez-vous nocturne à proximité d’une entreprise ciblée par les cambrioleurs.
Les engins volés étaient embarqués dans leurs camions. Les chauffeurs reprenaient leur route pour la Roumanie. Munis de faux documents permettant de passer les frontières. Arrivés à Borsa, les pelleteuses et autres tracteurs volés étaient soit écoulés sur le marché local, soit exportés vers d’autres pays de l’Est….
Lorsque la Roumanie a livré, en janvier 2011, les têtes pensantes, les vols d’engins « se sont arrêtés du jour au lendemain dans le grand Est », précise un gendarme de la cellule d’investigation. Avant d’ajouter : « Mais aujourd’hui c’est reparti ». D’autres ont pris la place.
L’Est Républicain, merci à Charly

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