mise à jour du 9 février 2014
source : France 2 – On n’est pas couché – 8 février 2014
———————————————————-
Panégyrique de Mohamed Sifaoui
Nicolas Bedos a incontestablement prouvé qu’il était un antidote à Dieudonné M’Bala M’Bala et à sa secte.
Je rassure ! Je ne suis ni son ami, ni l’un de ses proches. Je ne l’ai même jamais rencontré. Si, en ces temps de paranoïa ambiante, je devais, en effet, me justifier pour ce billet, je dirais qu’il n’est inspiré ni par le copinage ni par la complaisance ni par la camaraderie. Et certainement pas par un quelconque “complot” fomenté par les suppôts de Satan et du sionisme que je serais, avec d’autres, dès le moment où des valeurs, auxquelles je suis personnellement très attaché, sont défendues. […]
Pourquoi faut-il soutenir Bedos qui depuis, fait face aux menaces et aux insultes?
Primo. À travers son numéro, il a démontré qu’il n’y avait, en France, aucune limite à l’humour. Aucune. À condition que ce soit bien de l’humour. Et à condition que ce soit l’œuvre d’un humoriste et non pas celle d’un antisémite qui se drape derrière l’humour pour distiller des idées inacceptables au point de vue du droit et au point de vue des valeurs qui enrobent la République. La liberté d’expression, quoi que puisse en dire les inquiets, est sauve et n’a jamais été remise en question par ceux qui sont pour l’interdiction des spectacles racistes de Dieudonné. […]
Bedos a repris, dans sa chronique, tous les poncifs antisémites, les plus abjects et les plus dégueulasses, pour mieux les caricaturer. Et il a eu raison de le faire. Mais en même temps, il ne s’est pas empêché de tourner en dérision, ces quelques idiots, issus de l’immigration, victimes probables d’un racisme, qui vont applaudir un autre raciste.
Cette partie illustre parfaitement une réalité. L’extrême-droite -en tout cas ses idées- a tellement bougé qu’elle peut être aussi incarnée par un homme de couleur, l’ayant jadis combattu, et supporté, entre autres, par quelques victimes historiques de l’extrême-droite, ceux que l’on appelle communément les “noirs et les arabes”. […]
Secundo. Nicolas Bedos a montré -là pour le coup de manière subtile- que l’antisémite, quoi qu’en dise les groupies de la dieudosphère, ne peut pas faire que dans la détestation du juif. L’antisémite a toujours vu large. Il n’aime pas les homosexuels, il est misogyne, il n’aime pas les arabes, ni les noirs. Un antisémite -ou n’importe quel raciste- ne s’aime d’ailleurs pas. Il possède une si petite opinion de lui même qu’il se laisse envahir par la haine de l’Autre. […]
Tertio. La phrase qui a clos la chronique de Nicolas Bedos résume parfaitement ce que voulait démontrer l’humoriste durant un quart d’heure de pur bonheur. Oui on peut rire de tout, avec n’importe qui, à condition de ne pas être n’importe qui.
Or, Dieudonné -et je l’ai déjà écrit dans une précédente contribution- c’est n’importe qui. […]
Pour tout ceci. Pour cette prouesse et pour son intelligence odieuse, je n’ai qu’un mot pour Nicolas Bedos : Bravo !