Face au vieillissement démographique, Mark Eyskens prône l’immigration de masse, mais sélective. Il est l’un des «grands sages» de la Belgique (ancien Premier ministre de Belgique, membre du Conseil de l’Europe, député belge, ministre d’État).
Il faut que les gens comprennent : l’immigration est peut-être un problème mais le manque d’immigration est encore plus un problème.
Je le dis souvent à mon ami Herman Van Rompuy (président du Conseil européen), l’Europe devrait mettre en place une immigration sélective comme le font les États-Unis depuis longtemps. Il faudrait faire entrer chaque année 2 millions d’immigrés en Europe pour combler les déficits.
Quand j’explique ça lors d’une conférence, j’entends toujours un cri d’horreur traverser la salle. Pourtant, regardons les choses en face. Aujourd’hui, un habitant sur cinq en Flandre est immigré. À Bruxelles, ce sont deux habitants sur trois. Et en Wallonie, un habitant sur quatre. Donc notre société est multiculturelle, déjà aujourd’hui. Ce qu’il faut réaliser, c’est passer de la multiculturalité à l’interculturalité.
J’ajoute que l’immigration devra aller de pair avec l’émigration. Nos jeunes, brillants diplômés, doivent pouvoir partir travailler à l’étranger. J’entends bien les parents et grands-parents se récrier en disant qu’ils veulent avoir leurs petits-enfants près d’eux, et non en Californie ou que sais-je.
Notre monde est devenu un village. Il faut le voir et l’accepter. Et les vieux nationalismes du XIXe et du XXe siècle sont des concepts totalement obsolètes.
Il est normal qu’on aime d’abord sa famille, sa commune, sa région, son pays et l’Europe qui est aussi notre patrie. Mais ce sont des loyautés déconnectées des conceptions d’ethnies et de races.
Les États-Unis ont réussi leur multiculturalité. Plusieurs nationalités s’y côtoient et ils se sentent tous parfaitement américains. Nous ne ferons pas le melting-pot américain en Europe mais un saladier bien mélangé, avec plusieurs couches, et beaucoup de mayonnaise.
Avenir.net