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Est-ce ainsi que les banlieusards vivent ? Voici comment une centaine de locataires d’une tour HLM de Romainville (Seine-Saint-Denis), de la Cité Gagarine, abandonnés à leur sort, souffrent sous la coupe de dealers installés dans leur immeuble.
«Le lendemain d’une altercation, ils ont pissé sur mon paillasson… C’est le moins grave qu’il pouvait m’arriver !» Cette femme raconte cela d’un ton résigné. Elle a entre 50 et 60 ans.

Comme tous les habitants de la cité, elle nous demande deux «faveurs» : préserver son anonymat et ne pas venir chez elle, pour ne pas la «griller».

Les jeunes, les vieux, les Blancs, les métis, les Maghrébins, les Noirs, tous ceux qui acceptent de parler de leur quotidien dans cette tour d’une centaine de logements devenue invivable nous imposeront ces deux conditions. Qu’avait-elle donc fait, cette dame ? Sans doute comme cette autre qui s’était énervée face à un dealer qui avait abandonné les reliefs peu ragoûtants de son repas à même le sol du hall de l’immeuble. «Vous ne feriez pas ça chez vous !» ose-t-elle lui lancer.
Imperturbable, le fournisseur de came la dévisage pendant quelques minutes en silence – «Elles m’ont semblé durer une éternité» -, avant de lui répondre d’un menaçant : «Ta gueule !» «Et je fais quoi ? conclut cette dame. Je n’ai pas les moyens de lui casser la figure et les flics s’en foutent, tout le monde s’en fout…»
«On habite chez eux, explique une jeune mère de famille. Ils ont pris le pouvoir sur nous, sur la mairie, sur la police. Ils nous narguent. Si on veut que tout se passe bien, nous devons les laisser trafiquer tranquillement. Faire semblant de ne rien sentir, slalomer avec les poussettes au milieu de 15 ou 20 gamins défoncés dans les vapeurs de shit. Faire semblant de ne rien entendre, surtout pas les cavalcades dans les étages qu’ils montent et descendent pour planquer et chercher leur came. Faire semblant de ne rien voir, ni les détritus, ni les canettes, ni les billets qui passent de main en main… Je m’y suis habituée, je n’en suis pas fière, mais je m’y suis habituée…». […] Marianne

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