Casablanca – Les écrivains français Claude Askoloviche et Nacira guénif-Soulaimas ont décortiqué, mercredi à Casablanca, “la crise identitaire française” de la France postcoloniale et les nouvelles formes de discrimination sociale à l’égard des immigrés.
Intervenant lors d’une conférence sur “les crispations identitaires”, les deux écrivains, qui étaient les invités du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) participant au 20ème Salon international de l’édition et du livre (SIEL), ont relevé les différentes formes de discrimination dans la société française basées notamment sur le religieux, condamnant “un régime de spécification et de marginalisation”.
Animée par Driss Ajbali, membre dirigeant du CCME, cette conférence a été une rencontre “dépaysante” pour le public marocain, avec lequel les deux écrivains ont partagé les préoccupations des français et des français d’origine marocaine établis en France.
“La grande question que l’on pose aujourd’hui en France c’est celle à savoir ce que deviendra l’hexagone avec les immigrés, les descendants du colonialisme“, a estimé Mme Guénif-Soulaimas qui évoque Un Etat-nation qui peine à assumer sa transformation d’un pays colonial en un Etat plus que jamais européen”.
C’est ainsi, a-t-elle poursuivi, que “plus les musulmans gagnent en visibilité et du terrain en matière d’intégration, plus il y a de discrimination et de résistance à leur encontre“, les empêchant de rejoindre “le club très fermé des citoyens français, en surjouant la déloyauté à l’égard de la société“.
Il s’agit, selon Guénif-Soulaimas, d’un “discours politique de tri qui a fini par marginaliser la communauté musulmane et creuser les inégalités”.
En ce sens, il est question pour elle de “rendre intelligible les épisodes successifs de panique morale de politique de la peur dans laquelle il faut désigner les musulmans comme les nouveaux ennemies intérieurs”.
“Cela est loin d’être un discours de posture idéologique mais plutôt un discours fondé sur des travaux et de l’observation de la société française qui vit dans un climat totalement irrespirable pour une bonne partie de français”, a-t-elle conclu.
De son côté, Askoloviche a indiqué que c’est au nom de “valeurs modernes fondées sur la discrimination que l’on traite les musulmans de France“, ajoutant qu’il était “regrettable pour une république à grande tradition de liberté et de droits de l’Homme, que tout le monde parle d’un pays, le nôtre, qui traite mal une partie de lui-même”.
“La France est aussi musulmane. C’est la réalité que tout le monde devra admettre, car la France n’est riche que lorsqu’elle cesserait de trembler et de se complaire dans le déclin”, a-t-il-poursuivi, estimant que son pays a encore du chemin à parcourir en matière d’intégration des immigrés et des minorités, qui passe inéluctablement par le changement du discours politique national afin de relever les grands enjeux d’un monde qui se métamorphose.
Le Mag, merci à Petit Yves