Deux millions de prêts ne sont plus remboursés, dont 300.000 crédits immobiliers.
Selon les chiffres annoncés par le gouvernement grec, à la veille du retour de la troïka dans le pays, la Grèce serait en pleine rémission. Le pays pourrait même afficher un excédent budgétaire pour 2014, de plus d’un milliard d’euros. Pourtant, au quotidien, l’économie grecque révèle encore une puissante léthargie.
Après les sonnettes d’alarme tirées par nombre d’associations créées pour les surendettés, ce sont les banques qui prennent le relais.
Dans un rapport publié dans la presse grecque, elles affirment que plus de 2 millions de prêts sont actuellement non remboursés. Il y aurait ainsi 800.000 prêts à la consommation, 900.000 cartes de crédit, 100.000 prêts à des PME et 300.000 prêts immobiliers, dont les échéances ne sont pas couvertes depuis au moins trois mois.
Les causes sont les mêmes: une récession qui sévit depuis plus de six ans d’affilée, un taux de chômage qui touche 28% de la population et une consommation en berne. «C’est une descente aux enfers qu’il est difficile de freiner, même si le gouvernement annonce à grands renforts une sortie de crise», explique Takis Brastos, économiste. «Au-delà des chiffres, la réalité des Grecs se traduit par la souffrance dans le silence, sous des sourires ou des semblants d’insouciance, quand ils restent des heures aux terrasses de café pour tuer le temps. Sauf que demain, ils n’auront peut-être plus de toit», ajoute-t-il.
Un test pour les banques
Que se passera-t-il en effet si les banques décident de mettre aux enchères ces 300.000 appartements et maisons parce que leurs prêts ont été gelés ?
Depuis début 2014, Athènes a mis fin au moratoire sur les saisies immobilières. Cette loi a été adoptée en 2010 pour protéger uniquement les habitations principales après examen des revenus. De nombreux petits propriétaires se sont retrouvés en effet sans emploi avec la crise.
Aujourd’hui, les Grecs surendettés risquent de se retrouver à la rue. «C’est tragique d’en être arrivé à ce point», affirme Eleni Alivertou, présidente de l’association pour surendettés Ekpizo. «Tous les jours, nous aidons plus de 15.000 personnes et tous les jours, nous en avons plus. Il s’agit de personnes honnêtes, ayant toute leur vie honoré leurs impôts et leurs créances, mais qui se sont retrouvées au chômage du jour au lendemain sans indemnité. Malgré cette triste réalité, les banques ne veulent en rien céder sous la pression de la troïka.»
En 2013, les prêts qui continuent à être régulièrement remboursés se situaient autour de 800.000 contre 860.000 au début 2013 et 960.000 début 2012. 2014 sera cruciale pour les endettés. Elle sera aussi un test pour la résistance des banques, fraîchement recapitalisées avec l’argent des contribuables grecs.
Le Figaro