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L’enquête « Génération Quoi ? » publiée dans Le Monde mardi dresse le portrait d’une jeunesse française en révolte prête à en découdre. Pour le philosophe de l’éducation Eric Deschavanne, la génération des 18-25 ans est à l’image de la société, en proie à une crise civilisationnelle profonde. (…)
L’enquête «Génération Quoi?» dessine les contours d’une jeunesse française qui voit la vie en noir, et se considère comme une génération «sacrifiée», «perdue» ou encore «désabusée». Avec un taux de chômage record à 23.9% , les jeunes sont en effet les premières victimes de la crise. Que vous inspire ce désespoir des jeunes français? Celui-ci n’a-t-il que des raisons économiques, ou bien s’enracine-t-il dans une crise «civilisationnelle» plus profonde?
Eric Deschavannne: L’enquête en question est intéressante, mais elle ne nous apprend rien qu’on ne sache déjà. La jeunesse française est à l’image de l’opinion publique française, laquelle se singularise par son pessimisme et sa défiance vis-à-vis des institutions. (…)
61% des 18-34 ans interrogés se sont dits prêts à participer à «un mouvement de révolte de grande ampleur». Pensez-vous qu’il faille prendre au sérieux ce désir de radicalisation?
Le contexte de déclin économique et d’impuissance publique nourrit la frustration et la colère, mais il peu probable que nous assistions à un «mouvement de révolte de grande ampleur», faute d’objectif commun, de cohésion sociale et idéologique, et d’espérance que le pouvoir politique soit encore en mesure de changer le cours des choses. (…)
Selon un sondage récent Ifop pour le JDD, le FN serait le premier parti chez les 18-24 ans, avec 27% des intentions de vote. Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle tant de succès chez les jeunes?
Le Front national fait aujourd’hui jeu égal dans les sondages avec le PS et l’UMP, toutes générations confondues. Là encore, la jeunesse ne se singularise guère. Que le vote protestaire ou antisystème soit un peu plus marqué chez les jeunes est dans l’ordre des choses. Il en va de même pour l’abstention: l’indétermination et l’éloignement des responsabilités adultes ne prédisposent pas à l’éthique de la responsabilité ni à l’intérêt pour la politique. (…)
Le Figaro

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