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Addendum 02.03.2014 :
Extraits d’un article du Figaro sur le vote ouvrier en faveur du FN et le vote des «Français issus de l’immigration».

Parmi les solutions envisagées pour essayer de contourner la fuite du vote ouvrier, Terra Nova signalait comme une opportunité «l’expansion démographique» de la population des Français issus de l’immigration. «C’est un fait politique important. La France de la diversité est aujourd’hui la composante la plus dynamique, tant électoralement que démographiquement, de la gauche en France.»

Dans La Revue socialiste du quatrième trimestre 2013, on observe que le FN s’est «très habilement réapproprié le registre de la laïcité et de la défense des valeurs républicaines». La politologue Nonna Mayer (CNRS) note aussi que Marine Le Pen fait «ses meilleurs scores chez les ouvriers, dont un tiers dit avoir voté pour elle». Dans la même publication, entièrement dédiée au FN, Jérôme Fourquet (Ifop) écrit: «Désormais, dans les classes populaires et moyennes blanches des espaces périurbains et des villes moyennes, c’est Marine Le Pen qui est en tête, la gauche conservant une influence dans les grandes métropoles et leurs banlieues, à forte population immigrée.» […] Le Figaro


Depuis les années 1980, le vote ouvrier en faveur du FN progresse. Cette évolution a suscité des interprétations polémiques, du «gaucho-lepénisme» à la « convergence des extrêmes ». Mardi 25 février, à la Fondation Jean Jaurès, des chercheurs invités par l’Observatoire des radicalités politiques (Orap) «prenaient de la hauteur sur ce phénomène» et conteste cette notion de «gaucho-lepénisme».

«Les enjeux économiques sont encore au cœur de leurs préoccupations», confirme Nonna Mayer, «mais au moment de voter, ce sont les enjeux identitaires et culturels qui sont déterminants».

La question du vote ouvrier en faveur du FN a l’art d’échauder les esprits. Impossible pourtant de jeter un voile pudique sur ce phénomène : depuis la présidentielle de 1988, les ouvriers votent en moyenne davantage pour le FN que l’ensemble de l’électorat. Le temps où 70 % des ouvriers qui votaient, le faisaient pour la gauche, comme en 1978, est révolu. Or «les partis de gauche se sont formés sur l’idée de l’émancipation de la classe ouvrière, que le vote ouvrier fait partie de leur ADN, c’est pourquoi ce phénomène remet en question leur identité même», constate Florent Gougou, chercheur associé au Centre d’études européennes de Sciences-Po. […] Mais de quel monde ouvrier s’agit-il plus précisément ? L’idée couramment répandue selon laquelle le FN attirerait à lui un vote de désespérance des ouvriers les plus démunis, les plus vulnérables, constitue une autre idée reçue à laquelle s’attaque Nonna Mayer. « En 2012, ce ne sont pas les ouvriers précaires qui ont voté pour Marine Le Pen : eux ont préféré François Hollande dès le premier tour, quand ils ne se sont pas abstenus, explique la chercheuse. En revanche les ouvriers non précaires ont voté à 36 % pour Marine Le Pen. Qui sont-ils ? Ceux qui ont peur de tomber : ils sont plus catholiques, ont un plus fort taux d’équipement des ménages, habitent davantage hors des grandes villes, ont un petit diplôme, un petit quelque chose qu’ils ont peur de perdre.» Ce sont aussi des ouvrières, car le vote FN ne suscite plus la même réticence chez les femmes qu’à ses débuts. En 2012 les ouvriers et les ouvrières ont voté dans les mêmes proportions en faveur de Marine Le Pen. […]

La dynamique vient donc initialement d’une radicalisation d’ouvriers de droite qui ont basculé à l’extrême droite.

D’autre part, elle a été encouragée par une «tendance sur le long terme à un recul du vote de gauche des ouvriers depuis les années 1970. Ainsi depuis les années 2000 les ouvriers votent autant à gauche que l’ensemble de l’électorat», explique le chercheur. Enfin, elle a profité du renouvellement des générations : de nouvelles cohortes d’ouvriers ont fait leur entrée dans le corps électoral, et elles votent de plus en plus pour le FN, et de moins en moins pour la gauche. La conclusion de Florent Gougou porte encore un coup d’estoc à la thèse du gaucho-lepénisme : «Ce ne sont pas les mêmes ouvriers qui hier votaient pour la gauche et aujourd’hui votent pour le FN, ce sont de nouvelles cohortes qui amènent ces changements-là : ils n’ont jamais eu des habitudes de vote à gauche.»
Alors, le FN, parti des ouvriers ? Pas franchement, si l’on en croit Florent Gougou, qui rappelle que «depuis 1988 les ouvriers représentent 30 à 35 % de l’électorat FN, alors que le vote ouvrier en faveur du PCF à son apogée en 1967 et 1978s’élevait à 50%».
Les Inrocks

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