Le Crif, machine à communiqués?
Le Crif se présente comme le “porte-parole de la communauté juive de France auprès des pouvoirs publics”. “De la théorie”, pour David Chemla, co-fondateur de JCall, une association juive qui milite pour la paix au Moyen-Orient :
“Le Conseil représentatif des institutions juives, comme son nom l’indique, ne représente que les institutions qu’il fédère – associations et institutions religieuses, communautaires, sociales…. Or on estime que seulement un tiers des quelque 600 000 juifs de France appartient à l’une de ces associations. Par conséquent, le Crif ne peut représenter qu’une petite partie des juifs français”.
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Au-delà de cette constatation mathématique, le Crif serait mal perçu par les plus jeunes générations de Juifs, comme en témoigne Alain Granat, directeur de la publication de JewPop, site internet porté sur l’auto-dérision – comme en témoigne sa base-line “Le site qui voit des Juifs partout”:
“Nos lecteurs, juifs ou non-juifs, reprochent notamment au Crif des interventions qui n’ont pas lieu d’être, comme lorsqu’il s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer un sketch diffusé sur France Inter, en voyant de l’antisémitisme là où il fallait voir de l’humour. Le CRIF aimerait être un lobby à l’américaine, qui influerait sur la politique extérieure de la France – mais dans les faits il n’a pas d’influence et produit surtout des communiqués, parfois à bon escient, parfois non”.
Plus globalement le Crif est aussi visé pour son soutien, perçu comme inconditionnel, à l’actuelle politique d’Israël vis-à-vis de la Palestine:
“Même s’il serait caricatural de dire que tous les membres du Crif sont sionistes, force est de constater que la majorité d’entre eux le sont, juge David Chemla. Or le rôle du Crif devrait être de dénoncer l’antisémitisme, pas de faire de la politique”.
“Un dîner ridicule”
Les critiques, enfin, sont très vives sur l’intérêt de continuer à organiser la grande messe annuelle du Crif: “Un dîner ridicule”, pour Alain Granat, “Du communautarisme”, pour David Chemla. Et une image désastreuse pour l’ensemble de la communauté juive, comme le résume la blogueuse SefWoman sur JewPop:
“Le dîner du Crif, finalement, c’est une réunion de mecs qui toute l’année expliquent que les Juifs ne dominent pas le monde contrairement à ce que pensent les antisémites, et qui salopent tout en un soir en faisant se déplacer toute la classe politique”.
En mai 2013, le président du Crif, alors Richard Prasquier, déclarait au journal Actualité Juive: “Non, le CRIF ne représente pas “tous” les Juifs. Il représente ceux qui se sentent représentés par lui, d’où qu’ils viennent”. Il ne croyait pas si bien dire.
L’Express