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Le ministère de l’Éducation lance une campagne pour donner envie d’être enseignant, alors que sévit une crise larvée du recrutement. Jean-Paul Brighelli, agrégé de Lettres modernes et chroniqueur au Point, ne s’y reconnaît guère. Il faut refaire de la transmission des savoirs le coeur du métier d’enseignants, estim-t-il.
Le ministère de l’Éducation finance quelques clips ineptes pour inciter les jeunes à se faire enseignants. Et je n’en ai vu aucun qui corresponde à la réalité de la profession : les mutations par exemple ne sont pas ce que l’on vous dit, elles sont le règne de l’arbitraire et du désespoir, et la gestion de la violence ordinaire ne se fait pas en claquant des doigts. Ils n’évoquent pas plus ce qui est à la source de l’intérêt passionné que je porte à ce métier depuis quarante ans.

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Pendant ce temps, un institut féru de statistiques nous apprend qu’enseignant est le métier qui fait le plus horreur aux demandeurs d’emploi.
Comment ? Malgré les vacances, malgré tout ce que le café du commerce dit de l’attractivité de ce métier de feignasses, malgré les salaires faramineux ! Pensez, 1 500 euros net par mois au terme de cinq ou six ans d’études complexes pour avoir le droit d’enseigner au fin fond d’un département hostile dans deux ou trois établissements distants de quelques dizaines de kilomètres à des élèves peu motivés dotés de parents agressifs… [ …]

Il faut cesser de se voiler la face et admettre que les enseignants français sont parmi les plus mal payés de l’UE – moitié moins, en moyenne, que leurs confrères allemands par exemple.

Les syndicats disent tout haut qu’ils n’admettront pas un gel du point d’indice pour la cinquième année consécutive… Ils se cachent derrière leur petit doigt : il faut augmenter les traitements de départ de 50 %. Je dis bien les traitements, et pas un absurde système de primes qui ne se retrouveront point dans le calcul, in fine, de la retraite. Mais nous n’avons pas d’argent ! Ah, oui ? C’est pour ça que vous changez le parc informatique tous les deux ans – pour rien ? C’est pour ça que vous payez les conseillers du ministre plus de 10 000 euros par mois – sans compter une foultitude d’administratifs de tout poil, qui font des rapports sur les gens qui font des rapports… Des profs et des élèves – cela suffit. [ …] Le problème n’est pas les rythmes scolaires, mais le contenu de la scolarité. Et je n’échangerai jamais un cours de français ou de maths contre deux heures de macramé. L’aménagement des rythmes scolaires version Peillon est un rêve de bobo parisien ignorant des réalités du terrain. [ …] Le Point

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