« Lorsqu’Andrew Hussey me reçoit dans son bureau, il est méfiant, mais il ne s’attend pas à ce que je lui demande s’il est un auteur d’extrême droite. “Oh Jesus, no. Pas madame Le Pen.” » Pourtant…
Les extraits parus dans le Guardian, fin février, n’étaient pas rassurants non plus. Ils donnaient l’image d’une capitale française assiégée par ses arabes.
Voici le premier, qui dépeint les émeutes de la gare du Nord du printemps 2007. C’est le début du livre :
« Ce n’était pas une soirée ordinaire. En montant les escaliers vers la sortie, j’ai senti de la fumée et entendu des cris […]. Je me suis retrouvé pris entre deux fronts.
D’un côté, les policiers en noir et bleu qui s’occupent des émeutes, tambourinant leur bouclier transparent et dur avec des matraques, de l’autre côté, une assemblée floue d’enfants et de jeunes adultes, surtout noirs et arabes, garçons et filles, habillés avec des fringues hip-hop, chantant, rigolant et balançant des trucs […] Il s’agissait de jeunes de banlieues […]. C’était inquiétant de penser que ces enfants pouvaient à n’importe quel moment blesser quelqu’un. Ils avaient aboli toutes les règles, même celle de la loi. »
La France, écrit-il, est le pays qui a la plus grande population musulmane d’Europe, et la gare du Nord est un point de rencontre et de tension.
« Les émeutiers de la gare du Nord ou des banlieues se décrivent souvent comme des soldats d’une “guerre d’usure” contre la France et l’Europe. »
(…) C’est ainsi qu’il explique son projet :
« Je suis né à Liverpool dans une famille ouvrière et je sais à quoi ressemblent des émeutes opposant des riches et des pauvres.
Ce que j’ai vu en France n’est pas de l’ordre d’un conflit de classes, je me suis demandé d’où venait cette colère des jeunes arabes. Les tensions ne sont pas que politiques, religieuses, raciales, il y a quelque chose qui appartient à la psychanalyse. »
Sa théorie : la colonisation française de l’Afrique du nord a laissé des traces et une envie de revanche. L’aliénation de la vie en banlieue est un autre motif de colère, pour les arabes. Une guerre a lieu, que personne ne veut voir. (…)
Rue89