Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux et également membre de l’Observatoire de la laïcité,veut prévenir le radicalisme sur le terrain. Elle défend le port du voile tout en refusant celui du niqab et considère le wahhabisme comme une secte. Le wahhabisme est la doctrine du régime saoudien.
Plus il y a des comportements de rupture, plus cela illustre les représentations négatives des gens : selon eux, l’islam apparaît bien comme une religion archaïque, incompatible avec l’égalité hommes-femmes… Quand on sait combien cette notion est, au contraire, au cœur de l’islam, c’est le comble !
Quelles sont les actions à mettre en place pour faire œuvre de prévention auprès de ces jeunes ?
Il faut travailler sur les représentations négatives de l’islam, puisque la majorité de la société le perçoit comme une religion par essence archaïque, qui invite à ne pas réfléchir… Il y a une forte notion de soumission dans les représentations qu’on se fait de l’islam dans les relations hommes/femmes, musulmans/non- musulmans, croyants/non-croyants. Les représentations négatives sont tellement partagées par l’ensemble de la société que, du coup, on ne s’étonne plus de rien. […]
Je vais continuer à former les institutions pour qu’ils arrêtent de penser l’islam négativement, ce qui mène à la discrimination, voire au harcèlement, des pratiquants mais aussi au laxisme envers les radicaux, mais je ne peux rien faire de plus. C’est maintenant à la communauté de croyants connaissant bien la théologie, qui n’est pas mon domaine, de trouver le moyen pour prendre le relais et parvenir à faire ce travail-là avec leurs propres mots, leur propre culture, leur propre mémoire de l’exil. […]
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