100 000 milliards de dollars, c’est le cap symbolique qu’a franchi la dette mondiale mi-2013, selon la BRI, la banque centrale des banques centrales. Une charge colossale qu’il va bien falloir résorber d’une manière ou d’une autre.
Pendant la crise, la maison continue de faire crédit. Malgré les explosions de la bulle des supprimes et de celle des dettes publiques en Europe, rien n’a changé. L’économie mondiale continue de carburer à l’endettement. +40% depuis 2007 nous dit la BRI. Alors, la dette n’est pas un mal en soi. S’endetter c’est se donner les moyens d’accélérer la croissance. De donner un coup de fouet à l’économie.
Le problème c’est l’excès de dette. Il offre l’illusion de la prospérité comme la cortisone masque l’état de santé réel du patient, jusqu’au jour où le traitement s’arrête. Et ce que nous dit ce rapport, c’est que nous absorbons toujours des doses massives de dette. Elle représente désormais l’équivalent de 4 fois la richesse cumulée des États-Unis et de la Chine, les deux premières puissances mondiales.
Une telle inflation a de quoi surprendre, alors que la plupart des États et des entreprises ont adopté ces dernières années des politiques visant justement à se désendetter. C’est en fait avant tout un problème d’endettement public. C’est le prix que les États ont dû payer pour endiguer la crise. D’abord, ils ont dû reprendre à leur compte les engagements des acteurs privés défaillants. C’est ce qui explique l’explosion de la dette publique espagnole par exemple rattrapée par la faillite du système bancaire. Depuis 2006, elle a plus que doublé.
C’est aussi la conséquence des programmes de soutien de l’économie de la fin des années 2000 pour éviter que l’activité ne s’effondre. On l’a vu en France notamment où la dette publique a pris 20 points de PIB entre 2007 et 2011. Résultat de cette double contrainte, la dette d’État représente aujourd’hui 72% du PIB mondial. Tout le problème va être de sortir de cette spirale infernale du surendettement.
Pour cela, il n’y a que deux solutions, en fait. Pour le moment, on a choisi la manière douce, si l’on peut dire. Des taux d’intérêt bas pour rendre le fardeau de la dette supportable et des réformes économiques vigoureuses pour retrouver une croissance durable dans le futur. Mais le prix à payer dans l’immédiat est élevé, nous le vivons tous les jours. C’est une croissance anémiée, voire la récession, avec son cortège de tensions sociales.
Reste la manière forte. Il s’agit en gros de réduire le fardeau en favorisant un retour de l’inflation ou, plus radical encore, en effaçant une partie de la dette. Bref, d’euthanasier les rentiers, plus ou moins brutalement. Un traitement à haut risque, qui paraît pour le moment en tout cas, hors de portée.
Les Échos