Le transfert des cendres de Jean Zay au Panthéon choque des associations militaires :
Co-auteur d’une biographie à son sujet, Roger Karoutchi, conseil régional UMP d’Ile-de-France et ancien ministre, s’est réjouit de l’annonce du président Hollande. et cela d’autant qu’il fait partie du comité pour la “panthéonisation” de Jean Zay. “Lui reconnaître une place au Panthéon, c’est lui reconnaître son rôle de grand républicain mais aussi un signe fort par rapport à la façon dont il a été tué”, a-t-il dit, sur France3.
Seulement, le Comité national d’entente, qui fédére une trentaine d’associations d’anciens militaires, de vétérans et de réservistes, dont, excusez du peu, la Saint-Cyrienne, le Souvenir Français, la Société des Membres de la Légion d’Honneur, la Société Nationale des Médaillés Militaires, la Fédération Nationale André Maginot ou encore l’Union Nationale des Combattants, a dénoncé le transfert des cendres de Jean Zay au Panthéon, sur le fronton duquel il est écrit “Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante”.
“Les trois premiers sont des résistants et répondent à l’objet de cet hommage, il n’en est pas de même pour Jean Zay. Certes il a été interné avant d’être lâchement assassiné en juin 44 mais tant d’inconnus et de célébrités sont morts les armes à la main ou dans des camps d’extermination, après des faits de résistance, que cela ne fait pas de lui un héros”, est-il écrit dans le communiqué diffusé le 13 mars par le Comité national d’entente, qui estime que ce ministre du Front populaire n’a été qu’une victime parmi d’autres.
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Le poème qui suit a été écrit en 1924 par Jean Zay que François Hollande va faire entrer au Panthéon.
Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là.
Quinze cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tout les pays.
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore…
Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse,
Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur…
Qu’est ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ?
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille morts pour cette saloperie.
Quinze cent mille éventrés, déchiquetés,
Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille,
Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS,
Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS.
Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières
Sans planches et sans prières…
Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux
De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ?
Ils ne sont plus que des pourritures…
Pour cette immonde petite guenille !
Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement,
Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes
Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis
Je te hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille
Je te hais pour tous ceux qui te saluent,
Je te hais a cause des peigne-culs, des couillons, des putains,
Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre,
Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial,
Le défi aux hommes que nous ne savons pas être.
Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel,
Le blanc livide de tes remords.
Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup
Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts.
Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires,
Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.