JT 13h00 – 17/03/2014
Jean-Claude Kaufmann, invité à l’occasion de la sortie de son livre “Identités, la bombe à retardement”
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12/03/2014 – INTERVIEW – Jean-Claude Kaufmann, sociologue au CNRS, publie «Identités, la bombe à retardement» (Ed. Textuel). Il explique à «20 Minutes» en quoi la question de l’identité, obsession de notre société contemporaine, fait planer de graves menaces… Islamophobie, stigmatisation des Roms, des noirs, des Juifs et des homosexuels, djihadistes français, montée du communautarisme et de l’extrême-droite en Europe… La question de l’identité et de ses dérives fondamentalistes est au cœur de notre société. Dans Identités, la bombe à retardement, le sociologue Jean-Claude Kaufmann affirme qu’un grave danger guette: le fondamentalisme et l’intégrisme identitaires. Vous dites qu’on est à l’aube de «grands périls» identitaires. N’y sommes-nous pas déjà confrontés avec la montée du racisme, la stigmatisation tous azimuts des Roms, des noirs (Taubira et la banane), des Juifs, des musulmans, des homosexuels, etc? Oui, c’est déjà à l’œuvre. Figure aussi dans cette liste la banalisation du racisme. La banalisation par le rire, comme le fait Dieudonné, est particulièrement terrible. La banalisation tranquille l’est aussi («je ne suis pas raciste mais…»). Cette parole s’installe comme un langage populiste dominant. L’identité serait-elle finalement une notion dangereuse? Au moment des débats sur l’identité nationale, Nicolas Sarkozy s’était défendu en disant que l’identité n’était quand même pas un gros mot. Si, c’en est un. C’est un terme à prendre avec des pincettes. Dès qu’on l’emploie, cela ouvre la boîte de Pandore et les vannes à toute forme de racisme et d’intolérance. Je suis très pessimiste. Pas à 100% car les populations peuvent trouver les capacités de s’en sortir, mais il va y avoir des années voire des décennies pendant lesquelles ça va tanguer sec. On est trompé par un faux calme.
Ça va exploser, mais je ne sais pas quand ni sous quelle forme.