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poilus Grande Guerre
Poilus dans une tranchée de la Main de Massiges, 1916.

INTERVIEW. – Écrivain et journaliste, Jean Sévillia est aussi historien, auteur de nombreuses biographies et d’essais comme, tout ­récemment, L’Histoire passionnée de la France, éd. Perrin.
[…] je trouve décevant que certaines phrases ressortent des vieux mythes de gauche, des lieux communs risibles sur un plan historique. Globalement, on a l’impression que c’est la caste dirigeante : les rois, les généraux et les patrons qui ont déclenché la guerre, et que les peuples sont victimes de ce système. Ceci est la vision marxiste classique, quasiment léniniste et même jaurésienne. Jaurès est d’ailleurs cité. Il est absurde de dire que les patrons français voulaient la guerre pour faire taire les ouvriers. C’est de la propagande CGT de 1920 !
La guerre ­résulte d’une multiplicité de facteurs, dont le jeu des alliances. Ce sont les nations qui ont préparé cela. Les peuples n’ont pas seulement subi, ils ont aussi été acteurs dans ce jeu-là. […] Au moment de la bataille de la Marne, en septembre 1914, je relève cette phrase : «Le nombre inouï de morts n’arrête pas les grands chefs.» Mais qu’est-ce qu’il fallait faire ? Arrêter la bataille et laisser les Allemands entrer ? Autre phrase choquante : «Étrangement l’immensité du carnage ne décourage pas le patriotisme des combattants.» Ce qui signifie que les auteurs trouvent étrange le fait que les soldats soient patriotes. Il y a là un point de vue idéologique qui est fort. D’autre part, à propos de la ­bataille de Tannenberg, les auteurs ­disent: «Les Russes qui sont écrasés par le tsarisme et la religion.» Là encore c’est un point de vue idéologique, ­comme si le tsarisme et la religion avaient abruti le peuple. […] Le Figaro

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