Les élections municipales se tiennent aujourd’hui mercredi 19 mars aux Pays-Bas.
En glissant leur bulletin dans l’urne, les électeurs rotterdamois sauront que le dynamisme affiché de la ville « la plus moderne des Pays-Bas » cache une réalité sociale plus morose : un taux de chômage à 14,5 %, – record du pays –, des problèmes de sécurité, de délinquance et de logements insalubres. Tout comme les électeurs des 402 autres communes néerlandaises, ils auront également en tête une perspective claire : leur municipalité devra, dès 2015, « faire plus avec moins ».
Dans le premier port d’Europe, troisième ville des Pays-Bas, les conséquences de cette décentralisation et la future politique de la ville en matière d’allocations à la jeunesse, d’aide aux personnes âgées et de soutien à l’emploi ont constitué les thèmes majeurs de la campagne de ces élections municipales. Selon les derniers chiffres de la ville, près de 50 % des 620 000 habitants de Rotterdam sont des « allochtones », et plus de 30 % des « allochtones non occidentaux ».
« L’intégration reste un véritable défi.10 % des enfants de cinq ans qui entrent à l’école primaire n’ont jamais entendu un mot de néerlandais et, dans certains quartiers, le chômage des jeunes atteint 30 à 40 % », assure Ronald Buijt, conseiller municipal depuis 2006 de la liste « Leefbar Rotterdam » (Rotterdam vivable) qui a pris la suite du mouvement de Pim Fortuyn, le leader populiste assassiné en mai 2002.
Dans ce contexte, la levée, au 1er janvier dernier, des restrictions au marché du travail pour les travailleurs roumains et bulgares, n’a pas été du goût de tous les Rotterdamois. Et, comme à La Haye, l’équipe municipale, jusqu’ici majoritairement travailliste, a décidé de passer outre le droit communautaire en conditionnant, pour les « travailleurs migrants de l’Est », l’octroi d’un permis de travail au contrôle préalable d’un logement décent.
Pour Hamit Karakus, actuel adjoint travailliste au maire de Rotterdam chargé du portefeuille du logement, et tête de liste du parti travailliste pour ces élections, cette mesure constitue juste « une différence d’interprétation » du droit communautaire. Tout comme ses challengers, il a dans cette campagne, surfé sur les questions sociales et identitaires pour prôner la priorité aux Rotterdamois « indépendamment de leur religion ou de leur provenance ».
La Croix