Les passe-droits dans la police sont une tradition… républicaine. Ce n’est pas Anne Gravoin, l’épouse violoniste du ministre de l’Intérieur, qui dira le contraire. Le 28 janvier dernier, à 10 h 30, un agent de surveillance de la voie publique (ASVP) verbalisait les véhicules démunis de ticket de stationnement ou gênant la circulation dans la rue où résident les époux Valls, située dans le 11e arrondissement de Paris.
La pervenche s’en tient au règlement et aligne ses amendes dans la plus stricte égalité des conditions. Lorsqu’elle appose sa contravention sur une voiture de marque Toyota garée sur un bateau pavé, un gardien de la paix lui ordonne de ne pas la verbaliser. “Trop tard, c’est déjà fait !” lui lance-t-elle. Le policier n’était pas là par hasard. Le matin même, il avait reçu un appel d’Anne Gravoin “via le téléphone de service” pour le prévenir qu’une amie venait lui rendre “une visite strictement privée” en Toyota, comme il est écrit dans son rapport “pour verbalisation intempestive” destiné à sa hiérarchie que Le Point.fr a pu consulter. Dans ce cadre, elle réclamait l’indulgence des forces de l’ordre pour son amie éventuellement mal garée.
Lorsque l’épouse du ministre de l’Intérieur sort de chez elle vers 12 h 30, le gardien de la paix lui narre sa mésaventure, insistant sur le fait qu’il a “tout fait pour empêcher cela”, c’est-à-dire la verbalisation de l’automobile de son amie. “J’appelle immédiatement Manuel”, s’énerve la musicienne préférée de Manuel Valls.
Deux heures plus tard, un commandant du groupe de sécurité du ministre de l’Intérieur (GSMI), qui dépend de l’ex-Service de protection des hautes personnalités (SPHP devenu Service de la protection), prend contact avec le gardien de la paix pour lui dire “qu’il s’occupait de faire le nécessaire”. […]