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Face au peu d’empressement des gros partis à présenter des candidats issus de la diversité aux élections municipales, l’Ile-de-France a vu fleurir nombre de listes indépendantes.

Ils sont ce qu’on appelle des têtes de liste “issues des minorités visibles”, mais ne constituent plus cette “vitrine” que les partis aimaient tant exposer pour faire valoir leur esprit d’ouverture. C’est sans tambour ni trompette que Razzy Hammadi, à Montreuil, Abdelhak Kachouri, à Neuilly-sur-Marne, ou encore Karim Bouamrane, à Saint-Ouen, ont été désignés il y a quelques mois par le Parti socialiste (PS) pour mener les municipales des 23 et 30 mars prochains. Idem pour Othman Nasrou ou Kamel Hamza, qui tâcheront de conquérir respectivement Trappes et La Courneuve sous les couleurs de l’Union pour un mouvement populaire (UMP).

Aussi entre 2001 et 2008, le nombre de candidats issus de l’immigration extra-européenne ayant intégré les conseils municipaux des villes de plus de 9 000 habitants est passé de 1 069 à 2 343, pour représenter 6,68 % du total des élus, selon une étude du Haut Conseil à l’intégration (HCI). Mais seuls neuf d’entre eux ont été désignés maire, comme Mohand Hamoumou à Volvic, Rafika Rezgui à Chilly-Mazarin ou Djoudé Merabet à Elbeuf…
Si le sujet de la diversité paraît moins porteur aujourd’hui, peut-être est-ce parce qu’il avait été “surexploité” il y a six ans, veut croire Abbas Bendali, pour qui la dynamique de progression enregistrée en 2008 devrait même s’accélérer. Doucement mais sûrement. “Il y a une logique démographique qui fait qu’on devrait assister à une augmentation du poids des ‘minorités visibles’ dans les conseils municipaux en 2014. On a déjà constaté que 77 % de ces élus de la diversité étaient enclins à se représenter”, indique-t-il.
Mais, tendance nouvelle, un nombre important d’entre eux ont décidé de quitter le parti auquel ils étaient affiliés pour partir seul au combat. “Parmi ces élus, 14 % disent qu’ils vont monter leur liste. Il s’agit de personnes engagées qui veulent compter leurs partisans et exister politiquement. Certains d’entre eux peuvent peser électoralement. Il n’est pas impossible que les plus expérimentés dépassent les 10 %.”
“Depuis 2008, beaucoup de listes citoyennes se sont mises en place”, constate également Almamy Kanouté, co-fondateur du mouvement Émergence, une organisation politique et citoyenne créée en 2009 afin de fédérer ces candidatures spontanées d’Ile-de-France qui se disent en dehors des logiques partisanes. “L’objectif est d’aboutir à des responsabilités sans se plier aux circuits traditionnels. Nous voulons déboulonner cette coutume qui veut que la politique locale soit menée par des gros partis”, ajoute cette ancienne tête de liste aux régionales de 2010 au cours desquelles il avait recueilli 0,42 % des voix.
“Au bout de six ans, beaucoup d’élus de la diversité ont préféré mener leur liste parce qu’ils sont déçus de la place que leur avait accordée leur parti, observe lui aussi Kamel Hamza, tête de listes UMP à La Courneuve et président de l’Association nationale des élus locaux pour la diversité (Aneld). Ils ont été nombreux à se rendre compte que leur rôle dans les conseils municipaux se limitait à lever la main plutôt qu’à apporter des réponses aux problèmes des citoyens.”
France 24

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