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Extraits d’une enquête de Libération sur le droit de vote des résidents étrangers dans les «quartiers populaires et les banlieues» qui «exclut près de 2 millions de citoyens». L’enquête révèle également le pourcentage élevé d’étrangers dans certaines communes.
Dimanche, près de 2 millions d’étrangers résidant en France depuis plus de cinq ans auraient dû participer au premier tour des municipales. C’était l’engagement 50 du candidat Hollande : «J’accorderai le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans.» […]

Derrière la question du droit de vote, il y a celle du manque de représentativité des élus dans les banlieues populaires. A Aubervilliers, 76 000 habitants, Salvatore a été confortablement élu en 2008 par… 7% des habitants. Candidat à sa réélection, il n’est pas le seul édile à y être confronté. A Clichy-sous-Bois, autre commune pauvre de Seine-Saint-Denis, l’ancien maire PS Claude Dilain avait, lui, été élu avec… 2 792 voix. Soit 9% de la population. Idem pour le maire de La Courneuve, de Grigny, dans l’Essonne, de Roubaix dans le Nord, qui tournent autour des 10%.
Autant de chiffres dont on parle peu et qui touchent en premier lieu les banlieues populaires, où se cumulent l’effet d’une faible proportion d’inscrits sur les listes électorales et celui d’une abstention traditionnellement plus forte dans ces quartiers. A Aubervilliers par exemple, seul un tiers des habitants sont inscrits sur les listes. Parce que la population est plus jeune qu’ailleurs et compte proportionnellement beaucoup de mineurs. Parce qu’elle est aussi plus précaire, donc plus mobile. Contrairement à une idée reçue, les quartiers les plus pauvres sont aussi ceux qui connaissant d’importants turnover de population, favorisant les non-inscriptions sur les listes électorales.

Enfin, ce sont les villes où se concentrent les populations immigrées venues de l’extérieur de l’Union européenne et ne disposant donc pas du droit de vote. Ainsi, à Clichy-sous-Bois, 36% de la population est étrangère. A Aubervilliers, 35%.

A Aubervilliers, dans le quartier du Landy, qui compte un peu moins de 3 000 habitants à cheval sur Aubervilliers et Saint-Denis, les taux d’absention dépassaient les 50% aux municipales de 2008, comme à la dernière présidentielle. Dans ce quartier, le revenu moyen par foyer est de 9 900 euros par an et le taux de familles monoparentales deux fois plus élevé qu’ailleurs en région parisienne. Des difficultés sociales qui favorisent les comportements abstentionnistes. Mais, surtout, les trois quarts des ménages sont installés depuis moins de cinq ans, 44% des habitants sont de nationalité étrangère (ce taux est de 15,4% sur l’ensemble de la région parisienne) et une immense majorité, bien que française, est issue de parents étrangers. Dans ces quartiers, voter est donc mécaniquement le fait d’une minorité. Insuffisante à diffuser une culture du vote par ailleurs malmenée par un plus fort rejet du politique qu’ailleurs.
Libération

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