Reportage de France 2 sur le violent assaut des forces russes :
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Ancien patron du SBU, les services secrets ukrainiens, et ancien colonel du KGB lorsque l’Ukraine appartenait encore à l’Union soviétique, Igor Smeshko connaît tous les secrets militaires des deux pays. Il estime que l’Ukraine doit répondre militairement à l’agression russe.
Les blindés russes sont intervenus samedi contre la base aérienne à Belbek dans l’Ouest de la Crimée. Dans la matinée, quelque deux cents hommes pro-russes, sans armes, ont envahi la base. Aux cris de “Russie ! Russie !” les assaillants ont pénétré dans la base et ont commencé à casser les fenêtres. Des militaires ukrainiens se sont barricadés à l’intérieur des bâtiments et ont lancé des fumigènes sur les intrus depuis les toits. […]
Igor Smeshko est un homme en colère. Contre Poutine bien sûr. «Il fait prendre à l’Europe le risque de la Troisième Guerre mondiale», dit-il. Mais aussi contre l’actuel gouvernement ukrainien au pouvoir depuis la chute de Victor Ianoukovitch qui, selon lui, n’a rien fait pour éviter l’annexion de la Crimée par la Russie et pour montrer à Poutine que l’Ukraine était en mesure de se défendre. Un étonnant coup de colère dans un pays où le gouvernement de coalition tente justement de montrer que le pays est soudé. […]
L’ancien colonel du KGB a gardé de nombreux liens avec les officiers russes des renseignements. Il met en garde ses anciens camarades. «Il y a des centaines d’officiers de renseignement russes sur le sol ukrainien. Nous savons très bien qui et où ils sont car jusqu’à une date récente, ils se cachaient à peine. Il suffirait d’en arrêter quelques-uns pour montrer à Vladimir Poutine que l’Ukraine n’est pas aussi affaiblie qu’il le pense. D’autant que Poutine n’a pas compris une chose importante : la Russie reste puissante grâce à son arme nucléaire. Mais ses forces conventionnelles ne sont pas prêtes à un conflit majeur avec une armée de résistance comme la nôtre. Ce qui s’est passé dans le Caucase le prouve. Il était peut-être facile pour lui de faire la guerre à la petite Géorgie. Mais l’Ukraine compte 40 millions d’habitants, et les mères russes ne laisseront pas partir leurs fils pour une guerre qui n’est pas juste et qui sera douloureuse en pertes humaines.» […]
«Poutine ne fait ça que parce qu’il a eu peur de Maïdan. Il veut éviter la même chose en Russie. Mais ce qu’il a fait en Crimée va se retourner contre lui. Il perdra le pouvoir à cause de ce qu’il a fait en Crimée, parce que tout le monde comprend maintenant qu’il a perdu le sens commun.»
Le Point : 1 ; 2