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Le 16 mars 2013, une “bande de jeunes” menait une razzia dans le RER D. Des sanctions sont tombées. Que sont-ils devenus ? Enquête du Nouvel Obs.
On avait promis d’y revenir, une fois la fièvre retombée. C’était il y a un an. L’espace de quelques jours, la peu paisible cité de Grigny allait devenir le nouveau visage du sempiternel mal des banlieues. Le motif de cette soudaine célébrité ? Ni les trafics de drogue qui gangrènent l’immense cité HLM de la Grande Borne, au-delà des passerelles surplombant l’autoroute A6. Ni les malheurs de Grigny 2, deuxième plus grande copropriété d’Europe, construite jadis pour les cadres supérieurs de la ville nouvelle d’Evry, et désormais grignotée par les marchands de sommeil.

Attaqué par l’UMP, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, parrain politique du département, réagissait fissa, mobilisait les services de police, promettait des sanctions exemplaires.

Les suspects arrêtés : 13 jeunes, dont 12 mineurs, connus pour certains des services de police, mais jamais placés sous main de justice. Trois mois plus tard, ils seront jugés au tribunal d’Evry. En guise de sanctions exemplaires, quatre mineurs écoperont de peines de prison avec sursis, l’un de travaux d’intérêt général, et les autres d’avertissements solennels. Un seul d’entre eux sera placé au centre éducatif fermé (CEF) de Bures-sur-Yvette ; il vient d’en sortir. Le majeur, pour sa part, a été relaxé définitivement en octobre, après appel du parquet.

Peut-on justement les rencontrer ? « Ca sera compliqué. Vous savez, ils tiennent les journalistes responsables de leur sort. On a parlé d’attaque de diligence, alors que pour eux c’était un banal dépouillage : ‘On est venu, on a pris deux trois téléphones et puis voilà’ ».

Le décalage entre la légèreté des peines et le retentissement de l’affaire peut étonner. Dans son bureau du tribunal d’Evry, le procureur Eric Lallement l’assume pourtant parfaitement. «Ces actes sont répréhensibles naturellement, mais si l’on se penche sur le préjudice causé, il s’agit essentiellement de vols de portables, et nous n’avons eu qu’une poignée de plaintes». On lui fait remarquer que des victimes par lassitude ont peut-être omis de se faire connaître. «C’est votre hypothèse mais on peut également estimer que les faits ont été beaucoup plus circonscrits que ce que le traitement médiatique a pu laisser supposer». […] Dont acte. La machine politico-médiatique se serait donc emballée. La question du devenir de ces jeunes, groupe plutôt que bande, délinquants oisifs plutôt que criminels organisés, n’en reste pas moins posée. Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Côté institutions, personne, hélas, n’est capable de répondre précisément. Malgré les deux zones de sécurité prioritaire (ZSP) couvrant le territoire de sa commune, le maire PCF de Grigny, Philippe Rio, affirme ne disposer que de bribes d’informations. «La ZSP ne prévoit pas de suivi individuel des délinquants. Au mieux, je suis tenu au courant de l’état d’exécution des peines».[…] Nouvel Obs

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