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Jean Daniel lance un appel dans le Nouvel Obs au «rassemblement des forces hostiles au Front national».
La vraie victoire du Front national, au premier tour, ce n’est pas d’avoir amassé un plus grand nombre de voix dans des municipalités inattendues.

C’est de ne plus faire peur. Je ne sais pas quelles explosions de joie ou de détresse vont saluer les résultats de dimanche prochain. Mais je sais une chose : je ne me souviens pas qu’une victoire du FN ait été saluée avec un aussi grand calme.

Marine Le Pen voulait dédiaboliser l’héritage de son père. Elle l’a fait. Elle voulait que ses partisans fussent considérés non comme les adhérents d’une secte, d’une chapelle ou d’un groupuscule ; le FN est devenu un parti comme les autres. Autrement dit, ce dimanche soir, le Front national est entré dans la légitimité républicaine.

Ce n’est pas forcément une manifestation «démocratique». Ce ne sont pas les élections ni le gouvernement qui font la démocratie. C’est l’affaire de la République.

C’est pourquoi le rassemblement des forces hostiles au Front national aura une importance complètement nouvelle. Il ne s’agit plus d’une bataille que l’on peut gagner ou perdre ; il s’agit de ne pas laisser la France s’empoisonner lentement, dans une apparente pacification.

Le pire serait que Marine Le Pen réussisse à transformer l’ennemi à abattre en adversaire à combattre. Il ne s’agit pas de provoquer la moindre violence contre le FN, mais de le laisser être lui-même, car l’indigence de son programme est porteuse de toutes les violences de l’échec.
Pour que Le Pen ne soit pas élu contre Chirac, on a vu le peuple descendre dans la rue avec des attitudes révolutionnaires. Que ferait aujourd’hui l’ensemble de ce peuple, dont une partie a déjà déserté son camp et rejeté ceux qu’il avait défendus ? Ce sont des hypothèses alarmantes, elles ne sont pourtant pas improbables, surtout depuis qu’on a persuadé les Français qu’ils étaient les plus malheureux de la terre.
Nouvel Obs

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