Article du Monde sur le fiasco de la diabolisation du Front national par le PS et les associations antiracistes.
Il nous faut changer de discours quand quasiment un Français sur deux ne vote plus et ne nous écoute même plus », estime un responsable socialiste.
Au moins un enseignement peut déjà être tiré avant même le second tour des élections municipales : la stratégie anti-Front national du Parti socialiste est un échec. Rarement en effet le FN ne s’est aussi bien porté que dans la période actuelle. Le parti de Marine Le Pen a enregistré, à l’occasion du premier tour, des scores historiques qui le replacent dans la situation politique qu’il a connue dans les années 1990. […]
La poussée du FN recouvre l’ensemble du territoire, preuve qu’aucun baron socialiste n’est désormais en mesure de la juguler sur ces terres. A ce titre, la tournée anti-FN menée pendant la campagne par Manuel Valls a été vaine. […]
Le PS avait pourtant mis en place, ces derniers mois, une stratégie censée faire reculer le Front national dans les urnes. Dès l’été 2013, Harlem Désir avait lancé un « combat culturel et politique » contre les idées frontistes, en en faisant même le thème principal de l’université d’été du parti à La Rochelle. La charge rochelaise devait donner le ton jusqu’aux municipales. Solférino avait organisé en octobre 2013 un forum à Paris sur «la République face aux extrémismes», suivi, un mois plus tard, d’un meeting de soutien à Christiane Taubira, la ministre de la justice, alors visée par des insultes racistes. Deux réunions durant lesquelles le FN avait été au centre des débats.
Cette stratégie de «diabolisation» du Front national a été rapidement critiquée en interne. […]
Le Monde