Editorial du Monde sur la fin du «front républicain» et la stratégie à adopter contre le Front national.
Au-delà de tactiques électorales caduques, il faut donc revenir à l’essentiel : le combat politique contre un parti qui, s’il avance masqué, n’a renoncé à aucune des idées forces, et mortifères, qui l’animent – attiser les peurs de la société française, stigmatiser les «élites», rejeter l’Autre dès lors qu’il n’est pas «gaulois», fermer les frontières du pays contre l’Europe et la mondialisation.
Trente ans durant, Jean-Marie Le Pen a été le « diable de la République ». Tel ou tel à droite cédait, parfois, à la tentation de passer un pacte avec lui. Mais, dans l’ensemble, il restait infréquentable. Dès que le Front national menaçait, comme en 2002, gauche et droite appelaient leurs électeurs à lui faire barrage en votant pour le candidat républicain restant en lice.
Force est de reconnaître que cette digue du «front républicain» a cédé. […]
Depuis deux ans, la gauche a profondément déçu. Supposée morale, elle s’est fracassée sur le scandale Cahuzac. Proclamée «normale», elle s’est engluée dans l’hésitation et l’amateurisme. Présumée sérieuse, elle est, à ce jour, impuissante à juguler la crise économique et sociale qui mine le pays. C’est sur ce terreau que prospère aujourd’hui le FN.
Ce combat suppose un projet d’avenir, une équipe cohérente, une pédagogie solide. C’est urgent.
Le Monde