Un collectif de résidents étrangers parisiens remet sur le devant de la scène le droit de vote des étrangers.
A quelques mètres de là, Philippe Martel, le candidat Front national de l’arrondissement observe le rassemblement d’un mauvais oeil. Le dialogue de sourds sera de courte durée, sa présence n’est pas franchement désirée, il se fait vite chasser par le collectif : «Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos !», scande le groupe pour faire déguerpir l’importun.
Dimanche midi, place Jules Joffrin, dans le 18ème arrondissement de Paris, un petit groupe de femmes donne de la voix pour interpeller les passants : «On vit ici ! On vote ici !». Le soleil est au beau-fixe, et entre les flâneurs qui reviennent du marché et les familles agglutinées autour du manège, la place ne manque pas d’animation.
Valérie et Rhada répondent avec enthousiasme aux curieux qui s’avancent vers le petit stand installé en face de la Mairie : «On a déposé 4 urnes dans le quartier. Si vous avez le droit de vote, vous pouvez mettre notre liste dans l’enveloppe, en solidarité. Sinon, vous pouvez voter ici !», explique la militante du collectif des «Sans-Voix». Rhada Kallel, jeune médecin tunisienne travaille en France depuis 2010, au service psychiatrique d’un hôpital du 93. Résidente du 18ème arrondissement, elle a rejoint le collectif d’activistes pour le droit de vote des étrangers en janvier dernier. […]
«Voter, c’est un droit, et c’est un devoir», estime Nadia, 62 ans, en glissant son bulletin dans l’urne des «Sans-Voix . Elle qui travaille en France depuis 15 ans comme aide à la personne se souvient douloureusement des six années où elle est restée sans-papiers. «On ne veut pas nous donner une place, alors qu’on travaille et qu’on cotise.» Comme beaucoup de Français, elle ne croit plus vraiment à une démocratie «où tout est joué d’avance», mais «pour le principe», elle rêverait de pouvoir ajouter une carte d’électeur dans son porte-feuille, à côté de sa carte de séjour. […]
Nouvel Obs