Le 17 février dernier, Tony M., 33 ans, agressait une obstétricienne du la maternité du CH Dron à Tourcoing, furieux qu’elle ne puisse lui garantir que son épouse enceinte serait accouchée par une femme médecin. Le tribunal l’a condamné hier après midi à huit mois de prison avec sursis.
Lorsque Tony M. se présente à la maternité du CH Dron le 17 février, son épouse est en fin de grossesse. Un mois avant, la jeune femme a signé le certificat de mixité actant le fait que son accouchement peut être dirigé par un homme ou une femme. Ce document a été mis en place il y a plusieurs années dans les maternités à la suite d’incidents où certains maris refusaient que leur femme soit accouchée par un homme. Le 17 février, vers 16 h, Tony M. vient dire que son épouse revient sur sa décision […].
Tony M. s’énerve : « Je ne tolérerai pas que ma femme soit accouchée par un homme ». Il peste contre « une civilisation moribonde et décadente » et insulte son interlocutrice. Il saisit un tabouret, le heurte violemment sur le sol à trois reprises avant de le jeter en direction du médecin. Il jettera de la même façon deux bouteilles d’eau.
En esquivant les projectiles, le médecin se cogne la nuque contre un meuble métallique, ce qui lui occasionnera à l’examen de médecine légale, une incapacité de travail d’un jour. Tony M. sort du bureau du médecin en hurlant puis revient, toujours hors de lui. « Il m’a précisé que j’avais de la chance d’être une femme, que je devais appeler mon mari pour qu’ils règlent ça entre hommes… », dira l’obstétricienne […].
« J’ai perdu mes nerfs, je le regrette amèrement », concède Tony M. à la barre du tribunal, contestant par ailleurs les menaces. Cet habitant de Villeneuve d’Ascq, père de six enfants (son bébé est né depuis dans une maternité lilloise) tente de légitimer sa colère, dit avoir été provoqué, évoque des mensonges… autant de propos qu’il glisse dans un discours de complot plus global où il plaque des discours stéréotypés empruntés aux extrémistes religieux .
Il a beau assurer en préambule de ses explications : « Ma femme est très pudique. Le sujet c’est la pudeur, ce n’est pas la religion », tout dans son discours indique le contraire. Tony M. s’est converti à l’islam à 16 ans après avoir grandi dans la religion catholique. […] L’avocat insistera également sur le fait que son client n’a pas de casier judiciaire.
Nord éclair