Addendum 30.03.2014 :
Les premiers résultats des municipales confirment cette nouvelle fracture française.
Est-ce d’ailleurs un hasard si Anne Hidalgo et NKM se sont disputées avec autant de vigueur l’électorat bobo? Avec la hausse fantastique des prix de l’immobilier, les centres-villes sont devenus des forteresses infranchissables interdites aux employés et aux ouvriers qui ont été relégués en banlieue, puis en grande banlieue, puis à la campagne.
Les résultats du premier tour des municipales nous donne raison d’avoir ouvert le débat et de l’avoir posé en ces termes. Plus encore que l’élection présidentielle de 2012, ce scrutin met en lumière certaines réalités sociologiques et territoriales. Le triomphe dès le premier tour du FN à Hénin-Beaumont, où la gauche recueillait autrefois près de 80% des suffrages, confirment l’existence d’une nouvelle géographie sociale et culturelle qui influence le vote. Comme l’explique le géographe Christophe Guilluy dans son essai Fractures Françaises , les grandes métropoles mondialisées (environ 40 % de la population), qui concentrent les flux migratoires, et abritent la nouvelle bourgeoisie urbaine constituent désormais des bastions de gauche tandis que la France périphérique, celle des «petits Blancs» (environ 60 % de la population) rurale industrielle et périurbaine, vote plus volontiers à droite, voire à l’extrême droite.
Peu à peu le citoyen laisse la place à un individu qui se définit d’abord par ses origines ethniques. «Le sentiment minoritaire exacerbe la question ethnique. C’est vrai pour les minorités visibles ; c’est désormais le cas pour les «Blancs» qui vivent dans les même quartiers parfois en minorité.
Dans les quartiers et villes multiculturels, les «Blancs», hier «Français» ou «Gaulois», sont de plus en plus désignés comme «blancs», parfois comme «colons»» .
Cette montée des communautarismes s’accompagne d’un ressentiment à l’égard des classes aisées des centres-villes qu’Aymeric Patricot résume bien, «Le petit Blanc ne se sent pas aimé des autres Blancs plus aisés. Il se dit: «En face de moi, il y a des minorités soudées, tandis que moi je ne suis pas aidé par le bourgeois ou le bobo.»
Figaro (Merci à Yann)
A l’occasion de la sortie de La République bobo, un essai original et enlevé de Thomas Legrand, nous avons confronté sa vision à celle d’Aymeric Patricot, auteur il y a quelques semaines d’un livre qui a fait mouche, Les petits Blancs.
A tort ou à raison, les petits Blancs ont le sentiment qu’ils sont regardés comme des « beaufs » par les bobos.
Le bobo n’ira jamais habiter dans une cité du 9.3. !
Le mariage gay n’est pas le problème du petit Blanc. Pour lui, c’est un débat de riches. Il veut du travail et s’agace que la gauche ne paraisse s’intéresser qu’aux homosexuels et aux minorités ethniques.
Les bobos ont inventé le covoiturage, les jardins partagés et poussé les maires de grandes villes à aménager celles-ci autrement, y compris les villes de droite comme à Bordeaux avec Alain Juppé.