[Long article – quelques extraits]
(…) La plupart des jeunes sont «endoctrinés» et «victimes de la propagande djihadiste». Faut-il alors les considérer comme responsables de leurs actes ?
Pour Bernard Chouvier, pédopsychiatre, la mouvance djihadiste comblerait l’adolescent en quête d’idéaux. «Le comportement sectaire profite de ce climat de blessure narcissique avec la persécution de la communauté sunnite pour réveiller l’idéalisme des jeunes, son besoin de se lancer dans une œuvre humanitaire».
Un constat repris par Christian Etelin, l’avocat d’un des jeunes Toulousains partis combattre en Syrie : «à 15 ans, il voulait juste partir à l’aventure, sauver le monde».
Par la suite, explique le pédopsychiatre, le djihadisme agirait comme une seconde peau sans faille ni faiblesse lui permettant de lutter contre les attaques qui pourraient ébranler son édifice intérieur:
son problème d’intégration, son mal être identitaire et corporel, sa frustration, ses difficultés relationnelles…
La Miviludes a donné l’alerte au niveau interministériel après que des familles confrontées à des signes de radicalisation religieuse se soient manifestées : «Elles nous appellent parce que leurs filles ont arrêté d’aller au lycée, ont quitté le domicile familial et ont commencé à se couvrir de la tête au pied».
(…) La justice devra faire la distinction entre une personne victime du système et un indvidu responsable de sa radicalisation. «Si c’est un mineur, il est juridiquement défini comme vulnérable donc il n’est pas condamné», martèle Catherine Picard.
Pour encadrer et appréhender leur retour, les spécialistes proposent la mise en place de groupes de réflexion animés par des imams et des psychologues.
Pour l’anthropologue Donia Bouzar, «il s’agit de leur faire prendre conscience des conséquences que leur action aurait pu provoquer dans la vraie vie».
L’islamophobie rampante rend cette mission difficile.
«En France, l’ennemi fédérateur est le musulman, force maligne, impotente, imposante, contre laquelle il faut se défendre», constate Raphaël Liogier, sociologue à Sciences Po.
Slate