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En filigrane, les pointillés d’un réseau de voleurs de moteurs de bateaux, dont la piste met à jour un trafic vers l’Europe de l’Est. Elle conduira les enquêteurs de la gendarmerie directement des régions Bretagne à la région parisienne, point de départ et plaque tournante d’un trafic qui se termine, officiellement en tout cas, aux frontières de la Moldavie.
Les trois prévenus à la barre, en détention provisoire depuis presque un an, des Moldaves installés en France depuis 2010, ne sont pas du genre coopératifs et les questions répétées de la présidente du tribunal ne permettront pas de préciser les ramifications de ce réseau tissé en Europe de l’est.
Les faits remontent à la saison 2012, où entre avril et octobre, le gang se montrera particulièrement actif avec un mode opératoire toujours identique. Pour pouvoir démonter les moteurs qu’elle va devoir ensuite charger, l’équipe de malfaiteurs guette les nuits de marées basses qu’elle met à profit, d’abord, pour sectionner les amarres des bateaux, ensuite, les câbles d’alimentation des moteurs, qui seront démontés puis chargés.
«Combien de moteurs par nuit ? Et pour quel prix ?», s’enquiert le tribunal. «Entre quatre et six moteurs», répondent les naufrageurs de la plaisance, «pour 400 à 900 euros la nuit…». Une Volkswagen grise, frappée d’un autocollant «Bébé à bord», souvent repérée aux environs des lieux des vols, a été saisie par les enquêteurs. On y retrouvera 5 200 euros en liquide, «ce qui donne une idée des sommes qui ont pu transiter dans cette affaire », remarque la présidente.
Le trio moldave donne aussi dans le cambriolage, comme dans cette propriété du Viviers-sur-Mer, où, en plus d’un canapé, de tableaux ou d’une machine à laver, des bijoux sont dérobés, recelés et blanchis par Diana, la compagne d’Oleg, qui est la seule à avoir un compte en banque permettant de récupérer les sommes d’argent.
Les traces ADN relevées sur des mégots, cordages, gobelets ou boulons et pinces retrouvés dans les parages des vols ont permis l’identification des prévenus, ainsi que différentes localisations géographiques à l’aide d’un portable retrouvé. L’enquête aboutira donc vers la mise en examen d’une équipe dont le mode opératoire ne relève en rien de l’amateurisme, contrairement à ce que plaide la défense.
En tant que «chef» de bande, Victor écopera de 3 ans de prison avec maintien en détention. Oleg récolte lui aussi 3 ans d’emprisonnement, dont un avec sursis et maintien en détention ; sa compagne Diana s’en tire avec 6 mois avec sursis et Ion avec un an de prison.
Les parties civiles n’ont jamais retrouvé leurs moteurs, mais l’ensemble des dédommagements réclamés, soit plus de 80 000 euros, ont été validés par les juges.
Le Petit Bleu

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