Plus de 1 700 demandeurs d’asile se sont présentés l’an dernier à Strasbourg. Les centres d’accueil n’ont que 600 places. Du coup, d’autres services publics prennent en charge une partie de l’accueil de ce public, dont les médiathèques.
Dans les centres (CADA), les demandeurs d’asiles attendent. Ils attendent encore et encore. L’administration française a besoin de 18 mois en moyenne pour accorder, mais la plupart du temps refuse, le statut de « réfugié ». Dans les CADA, des animations et des sorties sont parfois organisées à destination des quelques 600 demandeurs d’asile qui y sont hébergés à Strasbourg. Mais comme ils ont été 1 700 à débuter cette démarche en 2013, beaucoup n’y ont pas accès. Ceux là vivent leur attente dans des institutions publiques qui offrent des distractions, des lieux qui deviennent, à leur tour, des salles de transit dans un provisoire qui dure.
Médiathèque Malraux, mardi après-midi, il est 14h et les portes s’ouvrent enfin. Impatients, des petits groupes de personnes se faufilent avec hâte vers les ordinateurs et les guichets pour recevoir les casques qui leur permettront de regarder la télé, comme ce jeune couple de Yougoslaves qui vient tous les jours, dès l’ouverture. D’autres se dirigent vers la salle « musique » pour y choisir un CD et l’écouter, confortablement assis. Certains se sont dit bonjour et ont échangé quelques mots, à l’entrée de la médiathèque, mais chacun vaque à ses occupations une fois à l’intérieur.
[…] J’aime bien aller sur Internet pour regarder des clips et parler à des gens. On trouve tout sur Internet, c’est bien ! […].
Sachet plastique à la main, faisant office de valise de fortune : chargeur de téléphone, courrier de la préfecture et brosse à dents, Ali (tous les prénoms ont été changés), un Pakistanais de 22 ans, est un habitué des lieux. Il est dehors depuis 8h du matin, depuis que l’ami qui l’héberge est parti travailler.
Les bibliothécaires ont l’habitude de voir défiler ce public en quête d’occupation journalière, après des nuits parfois passées dehors. L’un d’eux raconte : « Ils sont nombreux à venir pour avoir accès à Internet et à la télévision. L’abonnement est gratuit.
Rue 89