Excédés par la multiplication des vols à la tire, les Argentins se font de plus en plus justice eux-mêmes. Depuis 2003, les gouvernements de Nestor Kirchner puis de sa femme Cristina ont évité de mener un débat sur l’insécurité. Pourtant, les enquêtes d’opinion montrent qu’elle représente la première des préoccupations des habitants du pays, avant même la forte inflation que connaît le pays (environ 30 %).
«La vengeance vient de la préhistoire, de l’État de non-droit», a critiqué la présidente Cristina Kirchner.
Vidéo de mai 2013 : Deux voleurs en moto ont tenté de voler les biens d’un retraité dans le quartier de Recoleta de Buenos Aires en Argentine. Lorsque l’un des voleurs tente de rejoindre son complice en moto, il se fait percuter accidentellement par une voiture puis plusieurs passants vont alors faire justice eux-mêmes en frappant l’individu au sol. Il a ensuite été arrêté par la police municipale.
La scène se déroule à Rosario, à 300 kilomètres au nord de Buenos Aires. David, un jeune délinquant, vole à l’arraché le sac à main d’une femme qui marchait en portant sa fille de deux ans dans ses bras. David s’échappe à moto avec un complice, mais un automobiliste les rattrape et leur bloque le chemin. Alors que le complice réussit à prendre la fuite, une cinquantaine d’habitants du quartier se jettent sur le voleur et le rouent de coups. Voisins, passants, chauffeurs de taxi…, tout le monde s’y met. Quelques scènes de ce «film d’horreur», comme le qualifie le quotidien argentin Página/12, ont été enregistrées par un téléphone portable et publiées sur YouTube. Le jeune délinquant est mort des suites de ses blessures.
Depuis la médiatisation de ce meurtre, les lynchages se multiplient en Argentine. Sur les nerfs, exaspérés par la hausse de l’insécurité, les Argentins pointent du doigt « l’absence de l’État » et accusent la justice de libérer les voleurs avant leur procès. […]
Faute de statistiques fiables sur l’insécurité, il faut s’en remettre aux chiffres de la police. Selon elle, 57 personnes ont été tuées à bout portant à la porte ou à l’intérieur de leur domicile lors de vols à Buenos Aires et dans sa périphérie, depuis le début de l’année, après 161 cas similaires sur l’ensemble de l’année 2013.
Le Point (Merci à Baron Jean-Claude)