Le Musée de l’Homme, en partenariat avec la Société des Amis du Musée de l’Homme, vous convie à une Rencontre-débat, le jeudi 10 avril à 18h, au Grand Amphithéâtre du Muséum avec Evelyne Heyer, Pascal Blanchard et Lilian Thuram.
Les anthropologues et les biologistes sont d’accord aujourd’hui pour dire qu’il y a environ 150 000 ans, c’est en Afrique qu’est apparu Homo Sapiens, notre ancêtre à tous. Les femmes et les hommes ont peuplé la terre en évoluant de façon différente en fonction du hasard, de l’environnement et par sélection de certaines caractéristiques de leur patrimoine génétique, ce qui explique nos différences et que chacun est un être unique, même si nous faisons tous partie de la même espèce, Homo Sapiens.
Mais la biologie n’explique pas le racisme qui est avant tout une construction intellectuelle et politique liée à des enjeux économiques. Les théories racistes, ont proliféré tout au long de l’histoire pour justifier l’esclavage, la colonisation, le nazisme, la ségrégation, l’apartheid….
Ces théories racistes qui affirmaient une hiérarchie selon sa couleur de peau sont encore malheureusement fortement ancrées dans nos inconscients collectifs. Ayons le courage de l’admettre sans victimisation, sans culpabilité pour nous permettre de les identifier afin de les dépasser.
Evelyne Heyer est Professeur en anthropologie génétique au Muséum national d’Histoire naturelle, Département Hommes, Natures, Sociétés.
Lilian Thuram est président de la Fondation Education contre le racisme.
Pascal Blanchard est historien, spécialiste du « fait colonial », de l’histoire de l’immigration et des enjeux d’identité, il est chercheur au Laboratoire Communication et Politique (CNRS/UPR 3255, Paris), et il co-dirige le groupe de recherche Achac (colonisation, immigration, post-colonialisme).
Musée de l’Homme
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Complément : extraits choisis de Ce soir ou jamais – France 2 – 24 mai 2013
André Pichot est chercheur en épistémologie et en histoire des sciences
« La race, les politiciens n’ont pas en s’en méler. Ce n’est pas l’affaire des généticiens non plus. Ils ont déjà dit suffisamment de conneries la-dessus.»
Extrait d’article d’André Pichot :
« Combattre le racisme en laissant entendre que les races n’existent pas est une ineptie. Tout un chacun sait d’expérience courante qu’il existe des Blancs, des Noirs, des Jaunes, et que l’on peut même faire quelques distinctions à l’intérieur de ces groupes ; et tout un chacun sait que ces groupes sont appelés « races ».
L’existence même des métis, souvent utilisée pour conforter l’unicité de l’espèce humaine, implique la diversité de races. Sans races, pas de métis ; et sans possibilité de métissage, pas de races, mais des espèces différentes.
Les titres prestigieux des généticiens rassemblés au musée de l’Homme peuvent impressionner, et l’on trouvera bien présomptueux le modeste historien des sciences qui prétend que cet aréopage raconte des bêtises.
L’historien a cependant le grand avantage d’avoir lu ce qu’ont écrit les illustres prédécesseurs de nos gloires actuelles. C’est une lecture souvent affligeante, mais un excellent remède contre le scientisme, et cela permet de décrypter les discours des scientifiques contemporains.
Si, sous l’influence de la génétique moléculaire, on laisse entendre que les races n’existent pas, c’est simplement parce que cette notion, taxonomique, n’a ni sens ni utilité dans cette discipline ; on ne risque donc pas de l’y trouver.
Nous ne vivons pas dans un monde de gènes, mais dans un monde d’hommes, et celui-ci est irréductible à celui-là. Que la notion de race (ou d’espèce, de genre, etc.) ne se laisse pas saisir par la génétique moléculaire, c’est une chose ; qu’il y ait des races en taxonomie, en anthropologie, ou dans le monde humain où nous vivons, c’en est une autre ; et en ce domaine la vérité n’appartient pas au réductionnisme moléculaire.
Ce qui est en question dans le racisme, ce n’est pas la diversité des races humaines, c’est l’égalité des droits des individus, quelle que soit leur race. Il ne s’agit donc pas de nier les différences individuelles ou raciales par une quelconque pantalonnade génétique.
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