Quelques extraits d’un texte de Norman Ajari (« doctorant contractuel ») sur l’élection d’Alain Finkielkraut à l’Académie Française publié par les Indigènes de la République.
Finkielkraut se lamente que les Français de souche aient perdu leur rôle de «référents culturels». Pour ma part, je m’en félicite hautement.
Puisque l’Académie Française vient de l’accueillir sur ses bancs, c’est l’occasion de revenir sur la pensée d’Alain Finkielkraut. Il est désormais chargé de veiller sur la culture française ; on verra l’idée qu’il en a. La parution de son dernier livre, L’Identité malheureuse, s’est faite à grand bruit et fut accueillie par de nombreux éloges et quelques critiques. […] Nous avons le devoir de comprendre l’atmosphère qui rend possible un livre qui dresse, nous le verrons, un portrait haïssable des Arabes et des Noirs de France.
Que l’Académie récompense Finkielkraut pour sa détestation de tout ce qui n’est pas blanc, cela dit beaucoup de l’état intellectuel de ce pays.
L’Identité malheureuse est une réflexion sur le déclin contemporain de la civilisation française, menacée par un libéralisme culturel et politique dont l’un des principaux torts serait une bienveillance exagérée à l’endroit des minorités raciales. Cette faute n’est pas la seule, mais elle occupe dans l’ouvrage une place conséquente.
En effet, la référence à la race signale généralement une décadence intellectuelle, culturelle, morale. En d’autres termes, les minorités «visibles» sont l’incarnation la plus évidente d’une société trop libérale quant à ses mœurs, devenue analphabète ; elles sont la preuve de cet état de débilité généralisé. Alain Finkielkraut n’attaque pas les Arabes et les Noirs pour eux mêmes : il en fait des symptômes visibles d’un mal social évidemment plus profond. […]
Si l’école, à ses yeux, est le lieu d’expression de l’universel, elle doit avant tout se présenter comme une immense blanchisserie.
Pourtant, et c’est un terme qui revient souvent dans L’Identité malheureuse, le système éducatif devrait favoriser la « dépersonnalisation » des enfants. Un abandon de soi grâce auquel l’étudiant pourrait se laisser affecter par la radicale nouveauté des grands textes du passé. Il serait difficile de ne pas souscrire à ce projet s’il n’était sous-tendu par une mauvaise foi fondamentale. S’émouvant de la multiplication des kebab et des boucheries halal, regrettant que le multiculturalisme fasse son entrée dans les programmes scolaires, Alain Finkielkraut pose très rapidement d’évidentes bornes à son idéal de dépersonnalisation : le «Français de souche» (expression dont il regrette la soi-disant disparition) est un être accompli, à condition qu’il ne se laisse pas happer par le «politiquement correct» ; ceux qui doivent être dépersonnalisés, ce sont toujours les autres. Il faut dépersonnaliser les Noirs et les Arabes – de force s’il le faut – avant qu’ils ne dépersonnalisent les Blancs.
Mais comment ? Et à quoi faudrait-il les convertir, ces jeunes basanés qui incarnent si tragiquement la décadence de l’époque ?La réponse va de soi : à la nation française. Peu importe qu’ils soient déjà français : ils ne le sont jamais suffisamment.
Cette France éternelle, Finkielkraut la décrit en des termes qui méritent l’attention. Elle se définirait par «ses platanes et ses marronniers, ses paysages et son histoire, son génie et ses emprunts, sa langue, ses œuvres et ses échanges». Tout cela, à en croire l’auteur, «dessine un monde». […] L’Académie Française poursuit donc un travail déjà commencé par un autre de ses membres, Max Gallo, soutien actif de l’élection de Finkielkraut. À savoir, l’affirmation constante du « continuum République-nationalisme-colonialisme-racisme constitutif de la nation française contemporaine » pour employer la formule de Sadri Khiari. […] indigenes-republique.fr