Depuis deux ans, l’Allemagne mène une politique de transition énergétique des plus ambitieuses – un virage à 180 degrés qui n’est pas du goût de tous. Enquête outre-Rhin sur les dessous d’un projet de grande envergure.
Partie 1:
Après la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne est le seul État européen à s’être lancé dans un changement radical de son dispositif énergétique, visant à mettre fin à la production électrique d’origine nucléaire d’ici 2022. Deux ans après l’annonce de ce plan d’action, le pays fait face à de sérieuses difficultés.
L’essor fulgurant des énergies renouvelables a affecté les grands producteurs d’électricité, dont les pertes de chiffre d’affaires se comptent en milliards d’euros.
Quant au lobby nucléaire, il répand de fausses informations pour tenter d’entacher le nouveau succès de ces sources d’énergie. En faisant cavalier seul sur un sujet qui demande, plus que jamais, une grande cohésion européenne, l’Allemagne met également ses voisins en porte-à-faux: la part du solaire et de l’éolien dans la production électrique allemande, ainsi que les aides financières attribuées pour le développement d’énergies durables, perturbent l’offre et la demande sur le marché européen.
La décision unilatérale d’Angela Merkel déstabilise les États de l’Union, qui auraient souhaité plus de concertation en vue d’une transition énergétique qui profite à tous.
Bilan décevant
Deux ans après Fukushima, les entreprises allemandes émettent plus de dioxyde de carbone qu’auparavant. Les centrales à charbon se portent mieux que les centrales à gaz, pourtant moins polluantes. Le système des certificats-CO2, qui devait permettre aux États européens de contrôler leurs émissions de gaz à effet de serre, est à peine viable et n’incite plus à investir dans les énergies renouvelables.
Angela Merkel se trouve donc à la croisée des chemins: interviendra-t-elle pour sauver l’instrument européen de lutte contre le réchauffement climatique ou le laissera-t-elle décliner, quitte à mettre en péril la transition énergétique des autres pays de l’Union? À la veille des élections législatives fédérales, du 22 septembre, le choix de la chancelière ne sera pas sans conséquences. Car c’est de ce vote que dépend son troisième mandat.
Partie 2: