Papier d’Alain Jakubowicz, président de la Licra
Vendredi 4 avril 2014, j’assiste, à l’invitation du Maire du 7ème arrondissement de Lyon et de l’association des fils et filles des déportés juifs de France, à la commémoration du 70ème anniversaire de la rafle des enfants d’Izieu sur le square des 44 enfants, situé à une encablure du centre d’histoire et de la résistance et de la déportation.
A cette commémoration, point d’officiels ni de grands discours, que des mots justes, prononcés par des écoliers, des collégiens et des lycéens d’établissements de l’arrondissement, représentatifs de la France d’aujourd’hui, multiculturelle, multi-religieuse et multiraciale. […]
Dans le climat délétère que nous connaissons aujourd’hui, cette cérémonie simple, ponctuée par le chant des partisans et la “Marseillaise” chantée à l’unisson, est signe d’espoir. Elle témoigne de l’utilité des actions conduites depuis des années par les militants de la Licra dans les établissements scolaires et rend hommage au travail réalisé par des enseignants dans des conditions parfois extrêmement difficiles. […]
Lundi 7 avril 2014, je suis invité à participer au 20ème anniversaire du génocide des Tutsi sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. J’y retrouve le président et les membres de l’association Ibuka, mais aussi les présidents de l’UEJF, de SOS Racisme, du CRIF et les représentants de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et du Mémorial de la Shoah. J’y rencontre aussi la présidente du collectif VAN qui lutte pour la reconnaissance du génocide arménien. Je suis en revanche déçu par le faible nombre de participants à cette commémoration et par l’absence de personnalités du monde politique, culturel et médiatique. Pourquoi nos concitoyens se sentent-ils si peu concernés par le génocide des Tutsi ?
S’agit-il d’un vieux fond de racisme post-colonial ou, triste bégaiement de l’histoire, du refus d’assumer notre part de responsabilité dans les atrocités commises au Rwanda en 1994 ? […]
Les crimes contre l’humanité ne sont en effet pas des crimes qui visent telle ou telle communauté mais des crimes qui attentent à l’humanité tout entière. Toute appropriation communautaire conduit à la concurrence mémorielle et fait le jeu du négationnisme, ce cancer post mortem consubstantiel au crime contre l’humanité. Il est heureux que les associations l’aient compris.