L’usine de la Seita, en banlieue de Nantes, va fermer : les Gauloises seront désormais fabriquées en Pologne. La disparition d’un de ces fragments d’histoire auxquels l’identité française s’accroche désespérément.
Le plus grand fabricant de cigarettes en France, la Seita, ferme les portes de son usine et la délocalise en Pologne : 327 emplois sont menacés, et la Gauloise, un des joyaux de l’identité culturelle de la France, ne sera plus produite sur son sol.
Manuel Valls, tout juste nommé Premier ministre, n’aura pas tardé à se heurter à des difficultés. L’usine de Carquefou, près de Nantes, fabrique chaque année quelque 12,2 milliards de cigarettes, mais pâtit à présent de la diminution de la consommation. Le gouvernement français, qui fait profil bas, se retrouve dans une situation compliquée : des années d’investissements dans la prévention contre la consommation de tabac ont fini par porter leurs fruits. Les ventes décevantes de Gauloises, entre autres, devraient être une bonne nouvelle. Pourtant, le gouvernement garde le silence. C’est que le déménagement de l’usine porte en effet un rude coup à l’ego français.(…)
Avec le départ des Gauloises pour la Pologne, une époque semble définitivement révolue. L’Etat-nation français, au sein duquel coïncidaient les frontières de l’Etat, l’identité culturelle et l’appareil productif n’est plus. Cherchant, en titubant et à tâtons, une nouvelle identité (le succès de Marine Le Pen n’est vraiment pas un hasard), cet Etat d’exception qu’est la France n’échappe pas à la logique économique impitoyable de la mondialisation. Et cette logique frappe l’identité culturelle du pays en plein cœur.
Courrier International