Historiquement, les échanges entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne étaient surtout commerciaux : piment, épices, or… et êtres humains. Les musulmans ont pratiqué l’esclavage avec fierté. Fiers d’être propriétaires, puis anciens propriétaires d’esclaves.
Ce prestige a demeuré chez les descendants tunisiens d’esclavagistes, à tel point qu’on en retrouve des traces dans les expressions actuelles comme atig jaddi (“l’affranchi de mon grand-père”), abidna (“nos esclaves”) et plus simplement abid (“les esclaves”) et wesfan (“les esclaves domestiques”).
Certains Tunisiens ne conçoivent toujours pas qu’un Noir puisse être un Tunisien, comme eux. Et inversement, beaucoup de Tunisiens noirs portent encore le fardeau de l’esclavage de leurs ancêtres et font tout pour effacer leurs origines. Ils contournent l’histoire et redessinent un arbre généalogique le plus “blanc” ou le plus “noble” possible.
Dans les médias comme dans les programmes d’enseignement, les Noirs sont demeurés absents, invisibles. Et en matière de racisme, les intellectuels et les artistes tunisiens ne sont pas en reste. En novembre 2013, le chanteur Ghazi Ayadi, a ainsi lancé à un jeune candidat noir : “De toute façon, on te gardera pour que tu chasses le mauvais oeil”…
Jeune AFrique
( merci antibarbare )