Henri Guaino a publié ce vendredi dans “Le Figaro”, avec une quarantaine de députés UMP, «un appel pour changer l’Europe». Il appelle à une profonde refondation de l’Europe. Qu’est-ce qu’être gaulliste aujourd’hui ? En quoi cela peut-il aider l’Europe ? Laura-Maï Gaveriaux, qui se présente comme «philosophe apatride tendance analytique», s’interroge…
Lire la Tribune L’appel de 40 parlementaires pour changer l’Europe
À ceux qui se demandent aussi comment l’on peut rester de gauche en ces temps compliqués, rappelons qu’il n’y a guère d’autre option acceptable, quand la droite c’est le néant idéologique… ou le souverainisme d’inspiration gaulliste tendance extrême droite.
Dans la tribune qu’il signe sur “Le Figaro” en compagnie de Laurent Wauquiez, il exhorte la droite à renouer avec un héritage gaulliste qu’il est bien le seul, aujourd’hui, à représenter. Et grâce à cette tribune, il devient plus que jamais opportun de se rappeler que ce gaullisme, s’il s’exprimait aujourd’hui, serait une extrême-droite.
Fidèle au gaullisme lorsque Guaino configure le débat européen sur des principes souverainistes. Il s’agit de la France, qui doit non seulement se protéger contre un transfert de souveraineté vers une Europe conçue comme une puissance hostile, antagoniste, mais qui doit aussi redevenir un guide éclairant le reste des nations de l’Occident. […]
Rappelons les principes de la doctrine : fermeture des frontières matérielles autant que virtuelles, pratique de la politique de «la chaise vide» dans les négociations européennes, retour à une économie fermée, […] et finalement…
rappelons que chez de Gaulle, c’était déjà la France aux Français, et la France aux avant-postes du monde. Ça ne vous rappelle rien ?
Et donc à ceux qui se poseraient la question de savoir pourquoi Henri Guaino ne qualifie pas le Front national de parti d’extrême-droite, il est aisé de répondre que c’est parce que le tournant crypto-gaulliste pris par sa présidente, Marine Le Pen, n’est absolument pas incompatible avec la pensée idéologique qui nourrit l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy. Celle qui put écrire, sans trop de difficultés éthiques, que l’homme africain avait à entrer dans l’histoire.
Rappelons enfin, que si Charles de Gaulle n’avait pas utilisé l’ingrédient xénophobe de la recette frontiste nouvelle génération, c’est tout simplement parce que dans les années 1960, la réalité des flux de migration ne lui en avait pas encore fourni l’occasion. N’entrons pas dans un exercice de politique fiction en imaginant ce que serait de Gaulle sur le spectre politique aujourd’hui. Il suffit d’écouter Florian Phillipot faire campagne pour les élections européennes.
Nouvel Obs