Dans « L’Europe sous la menace national-populiste » (Archipel – 30 avril 2014), Jean-Christophe Cambadélis pousse un cri de colère devant la libération de la parole raciste, la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme et lance un appel à ne pas se tromper de combat. Selon lui, à droite comme à gauche, le cordon sanitaire contient mal la poussée du Front national. Une course à trois est engagée pour le second tour de la présidentielle 2017, où le risque est grand de voir le PS ou l’UMP éliminées. Extraits.
L’extrême droite peut-elle accéder demain au pouvoir ? C’est la question posée par Jean-Christophe Cambadélis, dans L’Europe sous la menace national-populiste, un essai qui se veut moins pessimiste que réaliste.
Il y eut la guerre de 1914-1918, puis celle de 1939-1945. Désormais, la troisième catastrophe européenne est en marche. L’europhobie est la maladie mentale de l’Europe. Elle se nourrit de xénophobie et des politiques « austéritaires » de l’« ordolibéralisme » de la Commission. S’il advient que l’Europe éclate un jour, on n’assistera pas au retour des nations, mais à la décomposition des États ouvrant la voie à l’affrontement des communautés ou à l’apartheid.
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« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots[1] », disait Jean Jaurès. En politique, la sémantique a son importance. C’est une leçon que l’extrême droite européenne applique depuis plusieurs années. Pour revenir sur le devant de la scène politique, dans les têtes, dans les urnes et à droite, elle a dû se débarrasser du boulet que représentait son sinistre héritage.
On n’est donc plus raciste. On dit « les Français d’abord » ou « les vrais Finlandais ». On oppose les « Français de papier » aux « Français de souche ». On évoque un différentialisme culturel. On souligne l’inassimilation de l’islam en terre catholique, voire en terre républicaine. Par petites touches, le discours d’exclusion de l’autre remplace la phraséologie usée de la confrontation sociale. L’ethnicisation du discours politique est le corollaire de la dépolitisation, de la montée des experts, de la relégation du politique. En un mot, on est passé de la lutte des classes à la lutte des races.
JolPress
———– Rappels
1) Jean-Christophe Cambadelis sur les événements de Trappes en 2013 :
« Ce qui court sur la toile [le Web] illustre la dérive des continents entre une partie de la jeunesse d’origine musulmane qui ne supporte plus l’ignorance, la stigmatisation, et une partie de la France qui refuse de se reconnaître dans le métissage.»
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2) Poursuivi pour recel d’abus de biens sociaux dans l’affaire Agos, société gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés, car il avait bénéficié d’un emploi fictif qui lui a rapporté plus de 442 000 francs (67 382,466 €), Jean-Christophe Cambadélis a été condamné en 2000 à 5 mois de prison avec sursis et 100 000 francs (15 244,902 €) d’amende.
3) Mis en examen en 2000 pour abus de confiance dans l’affaire de la MNEF, soupçonné d’avoir bénéficié d’un emploi fictif entre 1991 et 1995, pour lequel il aurait touché 620 500 francs (94 580 euros). En 2006, reconnu « coupable de recel d’abus de confiance », il est condamné, à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende.
wikipedia.org
4) En 2012, il lance une pétition nationale pour le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales.
“Derrière le refus du droit de vote, il y a la hantise du métissage, de la perte de l’identité française. La France garde son identité quand elle conquiert des droits et la perd quand elle se referme sur une nostalgie (…). Nous n’abandonnerons pas ! Nous voulons le vote des étrangers”