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Editorial de Camille Pascal dans Valeurs Actuelles :
… ainsi Napoléon Ier comme Napoléon III furent choisis par la France pour ce qu’ils étaient et non pour ceux dont ils descendaient.

L’affaire a d’abord cheminé à bas bruit. Évoquée au mois de décembre dernier dans le cadre austère et discret d’un colloque scientifique qui se tenait aux Invalides à quelques mètres à peine du célèbre tombeau de porphyre, elle vient d’éclater au grand jour dans la presse du week-end ; l’empereur Napoléon III n’était pas le neveu de son oncle…
La comparaison des ADN entre le vainqueur d’Austerlitz et le prisonnier de Sedan a donné des résultats sans appel. Le premier appartient au groupe dit “corso-sarde” quand l’autre tiendrait davantage du Caucase… Le second Empire avait quelque chose de cosaque et on ne le savait pas. C’est à en débaptiser le boulevard de Sébastopol !
La question aujourd’hui est de savoir si la bâtardise, je ne sais pas si le mot est encore autorisé par les temps qui courent, est attribuable à la mère de “Napoléon le petit” ou à celle de Napoléon le grand ? On sait que la reine Hortense, tout comme la duchesse de Berry, car chaque famille a ses scandaleuses, n’était avare ni de ses charmes ni de ses bontés. Le duc de Morny, demi-frère adultérin de Napoléon III, en est même resté le témoignage aussi dépensier qu’éclatant. Quant à cette bonne Madame Letizia qui aimait, comme chacun sait, que les choses durent, elle ne fut pas — dit-on— une vestale corse.
Voilà donc la famille Bonaparte mise cul par-dessus tête. C’est l’impératrice Eugénie, assez peu connue pour son caractère plaisantin — son mari s’en plaignait suffisamment —, qui doit se retourner dans son caveau de l’abbaye Saint-Michel de Farnborough, en Angleterre.
Tout cela est-il si grave ? Non et pour deux raisons.
La première, c’est qu’il est à craindre que les progrès scientifiques ne viennent ainsi régulièrement révéler les petits arrangements que nos plus prestigieuses dynasties ont pu prendre, ici ou là, avec les convenances et les filiations. C’était peut-être même là le secret de leur longévité. Il faut donc que chacun s’abstienne de rire ou de se draper dans une dignité “royale” devant la mésaventure des “Buonaparte”.
La seconde, c’est que l’Empire qui, en réalité, a préparé en France l’avènement de notre République monarchique n’était pas construit sur le principe de l’hérédité mais bien sur ce qu’il est convenu d’appeler pompeusement le “césaropapisme”, un régime autoritaire tempéré par le plébiscite. Ainsi Napoléon Ier tout comme Napoléon III n’étaient en réalité les héritiers de personne sinon d’eux-mêmes. Ils n’eurent pas plus d’ancêtres que de successeurs directs, ils furent choisis par la France pour ce qu’ils étaient et non pour ceux dont ils descendaient.
Cela étant dit, la vie politique contemporaine n’est pas non plus épargnée par ces révélations fracassantes qui viennent jeter le doute sur la légitimité de ceux qui nous gouvernent. Ainsi avons-nous récemment appris à Carmaux que, pour les Français, le président de la République n’était pas non plus l’hériter de Jean Jaurès…
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